Le 12 juillet est le temps fort de cette saison des marches protestantes qui s'étend de Pâques à septembre. Les protestants les décrivent comme des symboles de leur héritage religieux, de leur culture. Or, les catholiques les décrivent comme sectaires. Pour beaucoup, ces parades sont des expressions de domination protestante et britannique.
Les parades d'hier se sont déroulées alors que la tension était à son comble. La veille au soir, de nouvelles violences ont éclaté. Depuis dix jours, des sympathisants de l'Ordre d'Orange protestent contre la décision de la Commission des parades d'interdire le passage des marches de Drumcree dans le quartier catholique de Portadown. Dans un quartier protestant radical de cette ville, des supporters orangistes ont à nouveau attaqué la Royal Ulster Constabulary (RUC, la police nord-irlandaise) et l'armée britannique à coups de pierre, briques, feu d'artifices et en lançant des bombes à faible charge explosive. La police a répliqué en tentant de disperser la foule avec des canons à eaux.
Homme tué par balles
A Belfast, autour des feux de joie qui marquent traditionnellement la veille du 12 juillet, des hommes armés et le visage masqué se sont livrés à des démonstrations de force, tirant en l'air au milieu des acclamations, parfois devant des caméras de télévision. La police estime que ces activistes appartiennent à la milice de l'UFF, qui compte parmi ses chefs Johnny Adair, soupçonné d'avoir orchestré les violences protestantes de ces derniers jours. Un homme a été tué par balles à Larne (30 km au nord de Belfast). La police parle d'un règlement de comptes au sein des paramilitaires protestants.
Alors que la nuit tombait, la tension était encore vive. La police et l'armée britannique se préparaient à de nouvelles confrontations. C'est que les protestations des sympathisants de l'Ordre d'Orange sont loin d'être terminées. Dimanche soir, le porte-parole de la loge de Portadown, David Burrows, a appelé tous les sympathisants de l'organisation à continuer à descendre dans la rue afin de montrer leur mécontentement. Il a refusé encore une fois de condamner les violences associées aux manifestations de ces derniers jours.
A Portadown, plusieurs centaines de policiers en tenue anti-émeutes se tenaient prêts aux abords de l'église de Drumcree, ainsi que dans le quartier où la police a été attaquée mardi soir. A Belfast, le long du «mur de la paix» qui sépare quartiers catholiques et protestants, les habitants se sont rassemblés. Certains s'apprêtaient à organiser des patrouilles nocturnes. Dans la nuit de mardi à mercredi, des pierres et des cocktails Molotov ont été jetés par-dessus le mur en direction des maisons catholiques de la Springfield Road jusqu'à 5 heures du matin…