Giampaolo Giuliani est un oiseau de mauvais augure. Dans le courant du mois de mars, le chercheur au laboratoire national de physique du Gran Sasso avertit les autorités locales qu’un séisme est imminent dans les Abruzzes. On ne le croit pas, au motif qu’un tremblement de terre ne se prévoit pas. L’instrument de mesure utilisé par le professeur se base sur les émissions de radon, un gaz logé dans la croûte terrestre et dont la présence augmente avant les séismes. Il n’est pas jugé fiable. Giampaolo Giuliani tombe même sous le coup d’une ouverture d’enquête judiciaire pour «diffusion d’informations alarmistes».
Interviewé lundi par La Repubblica, le laborantin estime qu’«il y a des personnes qui doivent [me] présenter des excuses et qui auront sur la conscience ce qui est arrivé». Le chef de la protection civile, Guido Bertosalo, s’était notamment emporté contre «les imbéciles qui se divertissent en envoyant de fausses alertes». Passé l’effarement des premières heures, la polémique a commencé à enfler hier soir, largement relayée par la presse transalpine. Essayant de couper court, le premier ministre Silvio Berlusconi a souligné qu’«aucune base scientifique n’aurait permis de prévoir le séisme».
Constructions inappropriées
Entre octobre et aujourd’hui, la région de L’Aquila a cependant été victime de quelque 200 secousses. La cité médiévale a été particulièrement touchée ces dernières semaines, poussant la protection civile à organiser une réunion d’information le 31 mars afin de rassurer la population.
Selon Enzo Boschi, patron de l’Institut national de géophysique, interrogé lundi par Reuters, le scandale est ailleurs: «Chaque fois qu’il se produit un séisme, il y a des gens qui affirment l’avoir prévu. Pour autant que je sache, personne ne peut prédire un tremblement de terre avec précision. En revanche, des séismes se produisent et puis on oublie et on ne fait rien. Ce n’est pas dans notre culture de prendre des précautions et d’imposer les constructions appropriées.»