Grande favorite selon tous les sondages, Beata Szydlo représente le nouveau visage du mouvement conservateur. Fille d’un mineur, ethnologue de formation, elle avait été élue maire de Brzeszcze, une petite ville minière de 11 000 habitants dans le sud de la Pologne en 1999. Elle siège à la Diète depuis 2005. «J’assume pleinement mon origine rurale et je suis fière du rôle central que jouent la famille et l’église dans notre vie", affirme-t-elle sur son site Internet. Elle ne cache pas ses affinités avec l’aile conservatrice de l’église catholique. Celle-ci soutient activement sa candidature comme elle l’avait fait pour celle d’Andrzej Duda, le candidat du PiS élu président polonais en mai dernier.
S’il y a un sujet que le chef de file des conservateurs évite d’aborder, c’est bien l’économie. Car le bilan du Plateforme civique d’Ewa Kopacz est plutôt flatteur. Alors que l’Union européenne patine entre récession et croissance molle, la Pologne, membre depuis dix ans, a enregistré ces dernières années des taux de croissance entre 3 et 5% par an. Le taux de chômage s’élève à 7,8% alors que la moyenne européenne se situe à 9,5%. Tout au plus, la candidate conservatrice promet d’introduire une allocation sociale pour chaque enfant, un service de santé gratuit pour les ainés de plus de 75 ans, une baisse d’impôts pour les petites entreprises et la retraite à 65 ans, contre 67 à présent.
Ewa Kopacz, médecin de formation, ancienne ministre de la Santé et présidente de la Diète avant d’être nommée premier ministre, se retrouve en difficulté. Son mandat a été marqué par des crises successives. Pays frontière avec la Russie et l’Ukraine, la Pologne a dû faire face aux risques d’une déflagration généralisée d’autant plus que le président russe Vladimir Poutine a menacé d’envoyer l’armée rouge à Varsovie. Le gouvernement a dû augmenter les dépenses militaires, mobiliser les troupes et renforcer la présence de l’OTAN pour parer à toute éventualité.
A présent, c’est la crise des réfugiés qui mobilise l’attention. En pleine campagne électorale, Ewa Kopacz s’est montrée réticente à accueillir les candidats à l’asile. Mais elle a dû modifier sa stratégie face aux positions extrémistes du PiS. Jaroslaw Kaczynski, le mentor de Beata Szydlo, vient évoquer «le risque posé par l’arrivée des Musulmans qui pourraient apporter toutes sortes de parasites et bactéries". Le gouvernement prendra en charge 7000 réfugiés dans le cadre du programme de relocalisation de l’EU.
Ewa Kopacz a montré qu’elle est une femme de poigne aussi dans d’autres occasions. Elle a dit non au premier ministre britannique David Cameron qui entend modifier la règle de la libre circulation en Europe. Elle a aussi obtenu que l’UE paie des compensations à la Pologne pour réduire sa consommation de charbon, sa première source d’énergie.