Vladimir Poutine a rendu visite lundi à son loyal homologue arménien Serge Sargsian, qui, à la surprise générale, avait annoncé début septembre son refus de signer l’accord d’association avec l’Union européenne. Le président russe a passé en revue l’importante base militaire russe de Gumri et a promis à son vieil allié du Caucase un formidable rabais sur le prix du gaz, qui tombe de 240 à 189 dollars pour 1000 m3. Un chiffre à comparer avec les 450 dollars que doit payer l’Ukraine, pourtant beaucoup plus proche. Le gaz russe acheté par l’Arménie passe par un gazoduc traversant la Géorgie. Erevan va dorénavant payer le même tarif que la Biélorussie, proche allié de Moscou et membre de l’union douanière pilotée par la Russie, dont fait partie le Kazakhstan et que l’Arménie a annoncé vouloir rejoindre.
«La Russie n’a aucunement l’intention de quitter le Caucase du Sud. Au contraire, nous allons y renforcer nos positions», a tonné Poutine durant sa visite. Ce dernier se démène pour créer sur la base de l’union douanière une «Union eurasienne» concurrente de l’Union européenne, et six anciennes républiques soviétiques sont invitées à choisir leur camp. C’est un important effort financier pour Moscou, comme l’a reconnu le président, puisqu’à cause des rabais sur le gaz et de l’annulation des taxes d’exportation sur le pétrole, «le budget russe sera privé de sommes importantes, [mais] cela facilitera une intégration rapide [de l’Arménie] dans l’union douanière», a insisté Poutine.
L’ennemi juré
Le choix de l’Arménie s’explique aussi et surtout par des questions sécuritaires pressantes. Alors qu’Erevan penchait l’année dernière pour un rapprochement avec Bruxelles, Poutine s’est fâché et a vendu en 2012 pour 2 milliards de dollars d’armes ultramodernes à l’ennemi juré azerbaïdjanais qui, fort de ses pétrodollars, se réarme à toute vitesse. Sans autre soutien militaire que Moscou, Erevan est vite rentré au bercail. «Les Européens n’ont pas su offrir des garanties de sécurité à Erevan», se désole un diplomate sur place.