Le président de la Commission, José Manuel Barroso, se retrouve au cœur du dispositif anti-krach des Vingt-Sept. Avec deux missions: faire taire les rumeurs de «faillite» possible des pays surendettés de l’UE, en leur garantissant un apport d’argent frais, et se montrer capable à l’avenir d’éviter de futurs dérapages statistiques, comme cela fut le cas pour la Grèce. La partie politique n’en fait pas moins que commencer. Devenu prêteur de «dernier recours» de l’UE, la Commission hérite à la fois d’un levier et d’une «patate chaude», tant l’application des futures sanctions s’annonce difficile.
Prix de l’indépendance
Jean-Claude Trichetétant à Bâle pour la réunion des banquiers centraux, les Vingt-Sept à Bruxelles ont donc traité avec son vice-président, le Grec Lucas Papademos. Une coïncidence symbolique, alors que l’UE s’efforce d’éteindre l’incendie parti d’Athènes. La ligne «rouge» pour la BCE n’a toutefois pas été franchie. Vendredi, Angela Merkel s’était emportée contre Nicolas Sarkozy qui martelait la nécessité de son intervention directe. Hier, le Royaume-Uni, détenteur de 14% du capital de la BCE bien que n’étant pas dans l’euro, a exigé aussi qu’elle garde ses distances.
Refuser l’amalgame
Ministre espagnole de l’Economie et des finances, Elena Salgado a opposé hier aux marchés la détermination de l’Espagne à ne pas recourir au fonds de stabilisation créé par l’UE. La faille, pourtant, reste problématique: la péninsule Ibérique ploie sous le poids de sa dette privée qui, en dix ans, a explosé et atteint près de 200% de son PIB. Pour la vice-présidente de l’Eurogroupe, «rien ne permet de comparer le cas espagnol et le cas de la Grèce». Sous entendu: Madrid n’a pas manipulé ses chiffres, et s’est lancé à temps sur la voie de la rigueur.