On est encore loin de la sortie de crise et du cessez-le-feu sur le terrain. Mais ces dernières heures, après plusieurs semaines de divergences et de tensions, Paris et Washington ont considérablement rapproché leurs positions en vue d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU réclamant un cessez-le-feu, prélude indispensable à l'envoi d'une force d'interposition au Liban. Une force qui devrait être formée d'au moins 15000 hommes, exige le premier ministre israélien, Ehoud Olmert. «Elle doit être composée de vrais soldats et non de retraités... avec des unités de combat prêtes à appliquer la résolution de l'ONU» exigeant le désarmement du Hezbollah, a-t-il déclaré dans une interview à la presse anglaise.

Selon le ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, la proposition française prévoyant une cessation des hostilités puis un accord politique et enfin seulement le déploiement d'une force internationale «est en train de s'imposer progressivement dans la communauté internationale». La France, qui devrait vraisemblablement être appelée à prendre la tête des troupes d'imposition de la paix, sous l'égide de l'ONU, refusait l'envoi d'une force multinationale qui se serait trouvée directement confrontée à la milice du Hezbollah sans accord politique préalable.

La Maison-Blanche, qui souhaitait limiter la résolution à un «appel à une trêve durable», pour laisser encore un peu de marge à son allié israélien, a estimé jeudi que les efforts diplomatiques avaient produit suffisamment de réels progrès pour espérer une résolution réclamant un cessez-le-feu dans les jours à venir. «Je vois très bien un accord dans les vingt-quatre ou quarante-huit heures», a estimé pour sa part le premier ministre britannique, Tony Blair.

Plus qu'une simple trêve

Depuis l'enclenchement de l'offensive israélienne au Liban, les Etats-Unis et les principaux pays européens se sont montrés très divisés quant à l'attitude à adopter face au conflit. Au début de la semaine encore, les ministres des Affaires étrangères des Vingt-Cinq avaient renoncé à appeler à un cessez-le-feu immédiat en raison de l'opposition du Royaume-Uni, aligné sur la position américaine. Si les Britanniques, soutenus par la Pologne, l'Allemagne et la République tchèque, souhaitaient s'en tenir à un appel à la cessation des hostilités plutôt qu'au cessez-le-feu, c'est que ce dernier est bien plus exigeant qu'une simple trêve et suppose des négociations entre toutes les parties, et notamment le Hezbollah.

En Allemagne, toutefois, des voix très critiques se sont élevées au sein du SPD, membre de la coalition au pouvoir, pour remettre en question le soutien indéfectible du gouvernement d'Angela Merkel à Israël. Pour des raisons historiques évidentes, l'Allemagne s'est toujours senti une responsabilité particulière vis-à-vis d'Israël. Mais, aujourd'hui, 53% des Allemands trouvent que cela ne justifie pas de renoncer totalement au droit de critiquer ce pays lorsqu'il risque de déstabiliser toute la région. L'Allemagne, qui redoute d'avoir à ouvrir le feu contre des Israéliens, a également averti qu'elle ne pourrait que marginalement contribuer à une force multinationale au Liban, étant trop engagée en Afghanistan, dans les Balkans et au Congo.

Parallèlement, et au grand dam de la France, qui souhaitait isoler le président Bachar el-Assad en raison de son implication supposée dans l'assassinat du premier ministre libanais Rafic Hariri, l'Union européenne, par le biais de la diplomatie espagnole, s'est activée en direction de la Syrie. Celle-ci a promis «d'exercer toute son influence sur le Hezbollah».