– Pourquoi?
– Trois chefs d'Etat et de gouvernement se rencontrent pour peser sur le débat européen. Mais que proposent-ils sinon défendre leurs intérêts propres? Les trois semblent vouloir agir comme un club sélect – trois grands pays riches et industriels – qui fait du lobbying pour lui-même. Vis-à-vis des autres Européens, ce trio a une légitimité à construire. Il doit apporter la preuve de sa capacité de dépasser ses divergences en proposant des solutions dynamiques dans l'intérêt de toute l'Europe. A cette condition, les petits et les moyens pays pourront surmonter leur méfiance et envisager de les suivre. C'est au trio de désamorcer les craintes, mais c'est l'inverse qui se produit.
– Le trio donne-t-il le mauvais exemple?
– Exactement. On voit trois éléphants en démonstration, peu sensibles à l'intérêt des autres et peu enclins à vouloir plus d'Europe. Derrière la proposition allemande, désormais soutenue par Paris et Londres, de nommer un super commissaire de l'économie se profile une action de lobbying contre la politique actuelle de la Commission. Le but poursuivi – moins de contraintes européennes et plus de liberté pour les industries – est égoïste. Pensez aussi à l'entente opportuniste du trio contre le Pacte de stabilité.
– Trouvez-vous dans le sommet d'aujourd'hui la promesse d'une relance du processus européen?
– C'est plutôt décevant. Le résultat est essentiellement un catalogue de déclarations d'intention. Avec leur lettre à la Commission, le trio est très loin de pouvoir capitaliser les résultats concrets qui justifieraient de parler de l'émergence d'un nouveau moteur européen.