Evo Morales a atterri mardi soir à l’aéroport de Vienne, venant de Moscou, mais Edward Snowden n’était pas avec lui, a indiqué le ministère autrichien des Affaires étrangères, mettant fin à des rumeurs qualifiées d’«infondées» par La Paz sur le fait qu’il ait pu se trouver dans l’avion du président bolivien.

Selon le ministre bolivien des Affaires étrangères, David Choquehuanca, l’avion du président Morales a été contraint d’atterrir à Vienne après que le Portugal lui eut initialement refusé une escale technique et la France le survol de son territoire. Dans la nuit, Lisbonne a finalement donné son feu vert pour le survol de son espace aérien, selon La Paz.

«Le président Morales repartira tôt mercredi matin», a de son côté indiqué le porte-parole du ministre autrichien.

Paris avait indiqué ne pas être informé de l’affaire et ne «pas être en mesure» de commenter cette information.

Le ministre bolivien de la Défense, Ruben Saavedra, a toutefois annoncé mardi depuis Vienne que la France avait changé d’avis et finalement donné son feu vert pour que l’avion d’Evo Morales puisse survoler son territoire.

Pas d’asile politique pour Snowden

Edward Snowden avait essuyé mardi un refus de la part de nombreux pays auxquels il a demandé l’asile politique. En contact étroit avec de nombreuses capitales, les Etats-Unis ont dit avoir «bon espoir» que l’ex-consultant de l’Agence américaine de sécurité nationale (NSA) rentre aux Etats-Unis.

Des responsables américains sont «en contact, comme c’est le cas depuis plusieurs jours maintenant, avec de nombreux pays qui pourraient être des lieux de transit ou des destinations finales» pour Edward Snowden, a déclaré la porte-parole du Département d’Etat, Jennifer Psaki.

«C’est quelqu’un que nous voudrions voir revenir aux Etats-Unis, bien évidemment. Et nous avons bon espoir que cela arrive», a-t-elle assuré.

L’Allemagne, estimant que «les conditions d’accueil ne sont pas réunies», a rejoint la Pologne, l’Inde, le Brésil et les Pays-Bas qui avaient annoncé mardi leur refus d’accorder l’asile au jeune Américain de 30 ans, qui avait déposé dimanche des demandes auprès de 21 pays.

L’Autriche, la Finlande, la Norvège, l’Espagne et l’Italie ont pour leur part confirmé avoir reçu une demande d’asile politique, tout en soulignant qu’elle ne correspondait pas aux critères officiels, laissant ainsi entendre qu’elle serait rejetée.

La France, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, a réitéré n’avoir pas encore reçu de demande.

Mardi matin, le Kremlin a annoncé que le jeune Américain avait retiré sa demande d’asile en Russie.

«En apprenant hier la position de Poutine sur les conditions nécessaires pour qu’il reste en Russie, il a renoncé à sa demande», a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Le chef de l’Etat russe, Vladimir Poutine, avait déclaré lundi que Snowden, coincé depuis le 23 juin dans la zone de transit de l’aéroport Moscou-Cheremetievo, pouvait rester en Russie à condition qu’il cesse «ses activités visant à faire du tort» aux Américains.

Le président vénézuélien, Nicolas Maduro, en visite à Moscou, a, lui aussi, affirmé que son pays n’avait pas reçu de demande, selon l’agence russe Itar-Tass.

Mais il a estimé que Snowden méritait d’être «protégé par le droit humanitaire international».

Dans une lettre au Ministère polonais des affaires étrangères et dont le contenu a été divulgué à la presse, Edward Snowden affirme qu’il «risque d’être persécuté», voire exécuté par les Etats-Unis, s’il devait retourner dans son pays appliquant toujours la peine de mort.

L’ancien consultant de la NSA est à l’origine des révélations fracassantes sur un programme américain secret de surveillance des communications mondiales.

Invisible depuis son départ de Hongkong il y a dix jours, il a permis la publication ce week-end de nouvelles informations sur l’espionnage des communications de l’Union européenne, provoquant la colère des Européens. Ces révélations font aussi planer la menace d’un blocage des négociations pour un accord de libre-échange entre l’UE et les Etats-Unis.

Dans une déclaration postée lundi sur le site internet de WikiLeaks, la première depuis son départ de Hongkong, Edward Snowden a accusé le président américain Barack Obama de «faire pression sur les dirigeants» des pays auprès desquels il cherche une protection.

Il y affirme que Barack Obama a donné l’ordre à son vice-président Joe Biden de faire pression sur les dirigeants des pays auprès desquels il a demandé l’asile pour obtenir, le cas échéant, son extradition.

Edward Snowden a reçu mardi le soutien appuyé de son père, Lon Snowden, qui a comparé son fils à un illustre patriote de la guerre d’indépendance américaine au XVIIIe siècle, Paul Revere.