Au G20, comme lors du sommet de l’OTAN, Barack Obama a mis son poids personnel dans la balance. Ce fut le cas, à Londres, pour obtenir l’accord de la Chine sur la publication, par l’OCDE, de la liste controversée sur les «paradis fiscaux». «Je dois beaucoup au président Obama. Il est intervenu lors de mes discussions avec le président Hu Jintao», avouait, jeudi, Nicolas Sarkozy, partisan acharné de publier au plus vite le fameux document nominatif.
Mais c’est à Strasbourg que cette implication est apparue le plus clairement. Alors que la Turquie persistait à rejeter la candidature du premier ministre danois Anders Fogh Rasmussen à la charge de secrétaire général de l’OTAN, le président américain a joué quitte ou double en convoquant, samedi vers 13h30, une rapide réunion à huis clos des 28 chefs d’Etat et de gouvernement de l’Alliance. Sans conseillers ni témoins.
«Son côté direct est à l’opposé de celui qu’affectait aussi George Bush, estime un premier ministre européen. Bush disait ce qu’il pensait, et divisait un peu plus ses alliés. Obama se fixe un objectif et il s’y tient, quitte à mettre les mains dans le cambouis.» Le veto opposé par Ankara à la nomination d’Anders Fogh Rasmussen en raison de l’affaire des caricatures de Mahomet publiées en 2005 par le Jyllands Posten n’a ainsi été levé qu’à force de promesses. Celle, attendue, d’un soutien américain renouvelé à l’entrée de la Turquie dans l’UE. Et d’autres, plus discrètes: «On sait que l’on paiera cette nomination, confie un haut responsable de l’OTAN. Tôt ou tard, les Etats-Unis soutiendront un Turc pour un poste clé, genre secrétaire général adjoint.»
Le meilleur atout du président américain reste toutefois son image, renforcée par la «Michelle-mania» qui a déferlé sur l’Europe, où le charisme de son épouse a fait des ravages. Habile, Barack Obama n’a pas hésité à se présenter au G20 «comme le dernier gamin du club», tout en adressant des messages au public américain, en citant des exemples pris dans son Etat de l’Illinois, ou en répondant à des questions sur ses «éventuels regrets» depuis son élection.
«Le message central aux Européens était, résume un responsable de l’OTAN: je ne suis pas le patron de la planète. Je suis juste, parce que mon pays est le plus puissant, le premier d’entre vous.»