Avec l'opposition de gauche, on assiste au choc de deux légitimités: celle du gouvernement issu des élections législatives de 2002, qui avaient donné une large majorité à la droite, et les présidents de régions et de départements qui ont leur propre légitimité, puisque la gauche a dépassé les 50% des voix aux élections régionales. La gauche détient désormais 23 régions sur 26 (22 socialistes, 1 communiste), l'UMP deux (Alsace et Corse), la Martinique étant dirigée par l'indépendantiste Alfred Marie-Jeanne. Question: cette situation politique peut-elle vraiment durer jusqu'en 2007, terme du quinquennat de Jacques Chirac?
Les présidents PS des régions claquent la porte de Matignon
Venus pour parler de l'avenir de la décentralisation, les présidents socialistes de Conseils régionaux ont écourté leur entretien avec le premier ministre Jean-Pierre Raffarin
Ça pouvait difficilement se terminer autrement: les présidents socialistes de la plupart des régions françaises (22 sur 26) ont claqué la porte de l'Hôtel Matignon, lundi après-midi, alors qu'ils étaient reçus par le premier ministre, Jean-Pierre Raffarin. Venus pour parler de l'avenir de la décentralisation et envisager une très hypothétique «coopération», les présidents (dont la plupart ont été portés au pouvoir par la «vague rose» 28 mars dernier) avaient mis un préalable à toute discussion: que le gouvernement renonce à transférer aux régions les 95 000 personnes non-enseignantes de l'Education nationale, les fameux TOS (techniciens et ouvriers de service). Jean-Pierre Raffarin a refusé. Alors les socialistes, Ségolène Royal, présidente du Poitou-Charentes en tête, sont partis.
La décentralisation, qui devait être le grand cheval de bataille du premier ministre, est en train de tourner pour lui au cauchemar. La semaine dernière, il avait réussi, dans la douleur, à faire adopter par l'Assemblée nationale le projet de loi sur le transfert des compétences de l'Etat vers les régions et les départements. Mais il ne s'agissait que d'une première lecture et les députés de la droite eux-mêmes n'ont pas eu de mots assez durs pour qualifier le projet. Le président des députés de l'Union pour un mouvement populaire (UMP), Jacques Barrot, l'avait même qualifié de «brouillon»…