Chine
Alors que l’Australie s’interroge sur le procès des quatre employés de Rio Tinto, regrettant le huis clos partiel, la Chine a fait part de ses «sérieuses préoccupations». Les lourdes peines prononcées ont créé un vrai malaise
«Nous exprimons nos sérieuses préoccupations quant aux remarques australiennes», a dit Qin Gang, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, lors d’un point presse. «La partie australienne devrait respecter le résultat (du procès) et arrêter de faire des remarques aussi irresponsables», a-t-il ajouté.
L’Australien Stern Hu, ancien responsable du bureau de Rio Tinto à Shanghai, a été condamné à dix ans de prison, tandis que ses collaborateurs chinois, Wang Yong, Ge Minqiang et Liu Caikui se sont vus infliger respectivement quatorze, huit et sept ans de prison par un tribunal de Shanghaï.
Selon les avocats, les quatre accusés avaient plaidé coupables de corruption, tout en contestant certains aspects du dossier, notamment les montants des pots-de-vin touchés. Stern Hu a été jugé coupable d’avoir touché près de 6,5 millions de yuans (1 million de francs) de pots-de-vin.
M. Rudd a émis des «réserves» sur la décision de la justice chinoise de prononcer le huis clos au moment de l’examen des accusations d’espionnage industriel. Le Premier ministre travailliste a estimé qu’il s’agissait là d’une occasion manquée de clarifier la législation chinoise en la matière.
«Nos amis chinois»
«La deuxième phase du procès a été tenue dans le secret, en l’absence de médias et de représentants officiels australiens. Cela a de ce fait laissé d’importantes questions sans réponse à propos de l’accusation», a déclaré M. Rudd à des journalistes.
«En décidant le huis clos partiel, la Chine a, selon moi, manqué une occasion de faire preuve d’une large transparence qui devrait accompagner son émergence comme acteur mondial», a ajouté M. Rudd. Peu après la décision du tribunal de Shanghai, le géant minier anglo-australien a annoncé le licenciement de ses quatre employés, jugeant «déplorable» leur comportement.
M. Rudd, sinophone et sinophile, a cependant réaffirmé que les relations avec son principal partenaire commercial ne seraient pas affectées par cette décision. «Je suis persuadé que les relations bilatérales supporteront ce genre de pression. Nous avons déjà eu des désaccords avec nos amis chinois, je suis sûr que nous en aurons d’autres», a-t-il ajouté. «Nous continuons d’entretenir des relations non seulement économiques, mais plus larges avec la Chine», a-t-il souligné.
Côté économique, quelques jours avant l’ouverture du procès, Rio Tinto et le groupe chinois Chinalco avaient signé un accord pour collaborer sur un projet en Guinée, dans l’une des plus grandes réserves de fer au monde.
Un an plus tôt Chinalco – actionnaire de Rio Tinto – avait échoué à recapitaliser le géant minier, ce qui avait tendu les relations entre les deux groupes, juste quelques semaines avant l’arrestation à Shanghai de Stern Hu et ses collaborateurs.