La promesse d’Obama aux Européens
espionnage
Le président américain s’engage à donner des explications, sans plus
Calmer le jeu. Tel est l’objectif de l’administration américaine, condamnée par ses alliés européens in absentia, le président Barack Obama achevant une tournée en Afrique tandis que le secrétaire d’Etat John Kerry est à Bruneï. Les Etats-Unis fourniront toutes les «informations» réclamées par les pays de l’Union européenne au sujet des allégations d’espionnage dont Washington est l’objet. C’est la promesse faite par le numéro un américain lundi, depuis Dar es Salaam, en Tanzanie.
Au coup de gueule des Etats visés présumés, Obama répond poliment, avec le tact qui est le sien: Washington continue «d’évaluer» les informations publiées dans la presse européenne et les Etats-Unis «communiqueront (ensuite) de manière appropriée avec leurs alliés».
Cela étant dit, prévient-il, les services de renseignement américains, comme leurs homologues européens, font leur travail et continueront de le faire, le but étant «d’essayer de comprendre mieux le monde et ce qui se passe dans les capitales de par le monde […] au-delà de ce qui est disponible dans les sources ouvertes». A bon entendeur, salut! Les donneurs de leçons sont priés de revoir leur jugement, d’autant, renchérit le démocrate non sans ironie, que «dans les capitales européennes, il y a des gens intéressés, si ce n’est par ce que je mange au petit déjeuner, du moins par ce que seraient mes propos si je parlais à leurs dirigeants».
La colère et la réalité
Un peu plus tôt, le chef de la diplomatie américaine avait donné le ton de la riposte américaine, rappelant que la recherche d’informations sur d’autres Etats n’était «pas inhabituelle pour un grand nombre de pays». Les Etats-Unis ne comptent pas moins de 17 agences de renseignement, dont l’Agence nationale de sécurité américaine (NSA), accusée d’avoir espionné 38 «cibles», parmi lesquelles les ambassades à Washington et les représentations à l’ONU de la France, de l’Italie et de la Grèce. «Chacune de ces agences gère des programmes au niveau national et international, ce nouveau scandale nous éclaire enfin sur la raison même de leur existence et de leur nombre», souligne Phyllis Bennis, chercheuse à l’Institute for Policy Studies. «L’espionnage entre pays alliés n’a rien de nouveau, rappelle toutefois cette experte de la diplomatie américaine. L’indignation que soulève cette affaire outre-Atlantique est légitime, même si elle est révélatrice d’une certaine hypocrisie de part et d’autre.»
Fin 2010, déjà, l’affaire WikiLeaks avait mis au jour une directive nationale émanant du Département d’Etat, demandant aux diplomates américains d’espionner leurs collègues internationaux aux Nations unies. Les fonctionnaires de l’Organisation, jusqu’aux plus hauts responsables, dont le secrétaire général Ban Ki-moon, avaient également été visés. Sept ans plus tôt, alors que Washington quémandait l’appui de ses alliés pour valider son intervention en Irak, les services secrets britanniques avaient été accusés d’avoir espionné à la demande des Américains six membres non permanents du Conseil de sécurité de l’ONU.
Ces violations répétées des traités internationaux, dont la Convention de Vienne garantissant l’immunité diplomatique, sont toujours contre-productives, estime un diplomate européen, «l’objet même de ce statut étant d’assurer franchise et efficacité aux relations diplomatiques».