Sécurité
Américains et Iraniens ont exprimé leur volonté d’aboutir dans les négociations liées aux activités nucléaires de Téhéran. La Conférence annuelle sur la sécurité de Munich a aussi été sollicitée par la crise ukrainienne
Les Occidentaux, Américains en tête, et les Iraniens ont affiché ce week-end à Munich leur «bonne foi» et leur volonté de mener à bien les difficiles négociations sur le nucléaire iranien qui doivent reprendre le 18 février. L’opposition ukrainienne est elle venu plaider sa cause, notamment auprès de Didier Burkhalter.
En marge de la Conférence annuelle sur la sécurité de Munich, le secrétaire d’Etat John Kerry a discuté dimanche matin lors d’une rare rencontre avec son homologue iranien Mohammad Javad Zarif, les deux pays n’ayant plus de relations diplomatiques formelles depuis 1980.
Il a réaffirmé «l’importance pour les deux parties de négocier de bonne foi et pour l’Iran de respecter les engagements», a indiqué une porte-parole du département d’Etat.
«Il y a du pain sur la planche, beaucoup de pain sur la planche», a ensuite prévenu M. Zarif. «Mais nous avons fait un premier pas et nous sommes à un moment décisif», a-t-il ajouté.
550 millions de dollars reçus
Téhéran s’est engagé depuis le 20 janvier à geler certaines activités nucléaires sensibles en application de l’accord intérimaire conclu le 24 novembre à Genève avec le groupe des 5+1 (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Allemagne).
Le nouveau cycle de discussions s’annonce long et complexe. Elles devront notamment régler la question très sensible du développement de nouvelles centrifugeuses pour enrichir l’uranium, que l’Iran considère comme «un droit».
En attendant, Téhéran a obtenu ce week-end une première application concrète de l’accord intermédiaire avec un premier versement de 550 millions de dollars issus des avoirs gelés de Téhéran.
L’accord de Genève prévoit au final le déblocage de 4,2 milliards de dollars des avoirs bloqués de l’Iran, en huit tranches.
Critique par Netanyahu
L’Iran a également obtenu le début de la levée de certaines sanctions sur les exportations pétrochimiques, le commerce de l’or ou l’aéronautique imposées par l’UE et les Etats-Unis depuis de longues années.
Mais, lors de son entretien dimanche avec M. Zarif, M. Kerry a lui «clairement affirmé que les Etats-Unis allaient continuer à appliquer les sanctions actuelles», selon la porte-parole.
Le secrétaire d’Etat avait par ailleurs évoqué samedi dans son discours les conséquences pour l’économie israélienne du mouvement international de boycott d’Israël. Il a répété que la situation actuelle dans le conflit israélo-palestinien était «intenable» et «illusoire».
«Aucune pression ne me fera abandonner les intérêts vitaux de l’Etat d’Israël, au premier rang desquels la sécurité des citoyens israéliens», a réagi dimanche à Jérusalem le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Rencontre avec Kojara
Autre sujet largement évoqué à Munich, la crise ukrainienne a été l’objet de plusieurs rencontres avec deux des principaux opposants. Ils se sont entretenus avec M. Kerry mais aussi avec le président de la Confédération. Didier Burkhalter a également rencontré le ministre de l’Intérieur, Leonid Kojara.
Il leur a répété à tous les trois l’offre d’une aide de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) pour sortir de la crise, selon le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).
M. Burkhalter a également discuté de la situation en Ukraine avec la cheffe de la diplomatie de l’UE Catherine Ashton et avec celui de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier.
Appel lancé par Washington et l’UE
Samedi, Etats-Unis et Européens avaient appelé à un renforcement de la coopération transatlantique, jugée indispensable pour faire face à la multiplication des crises, de l’Ukraine à la Syrie, qu’«aucun pays ne peut résoudre seul». L’administration Obama a également promis que la diplomatie primera désormais sur le recours à la force armée.
A l’heure où le pivot stratégique engagé par Washington vers l’Asie fait craindre un délaissement de l’Europe, M. Kerry et son collègue de la Défense Chuck Hagel sont venus avec un message: la prospérité et la sécurité de l’Occident sont «indivisibles».
«Nos pays sont prêts à utiliser la force militaire si nécessaire. Dans la défense, nous savons que nous devons faire plus avec moins», a assuré de son côté le président du Conseil européen Herman Van Rompuy.