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Rafsandjani demande la libération des prisonniers

Lors de son prêche de vendredi, l’ancien président Akbar Hachémi Rafsandjani a déploré la confiance perdue des Iraniens après la présidentielle et a réclamé la libération des manifestants emprisonnés. A l’issue de la prière, la police a tenté de disperser la foule pro-Moussavi à l’aide de gaz lacrymogènes.

Les autorités iraniennes ont perdu la confiance du peuple après la présidentielle, a déploré vendredi l’ex-président Akbar Hachémi Rafsandjani lors d’un prêche très attendu à Téhéran, suivi par une manifestation de partisans du leader de l’opposition Mir Hossein Moussavi.

Les forces de sécurité sont intervenues pour tenter de la disperser, procédant selon des témoins à plusieurs arrestations, lors du premier rassemblement de l’opposition depuis une semaine.

Livrant pour la première fois en public son analyse des semaines houleuses qui ont suivi la réélection controversée de Mahmoud Ahmadinejad, M. Rafsandjani, qui dirige deux institutions-clés du régime, venait d’appeler le pouvoir à libérer les Iraniens arrêtés par centaines depuis le scrutin du 12 juin.

«Que devrions-nous faire dans cette situation?», s’est interrogé M. Rafsandjani, ajoutant disposer d’une solution débattue au sein de l’Assemblée des experts et du Conseil de discernement, les deux institutions qu’il dirige. «Notre principale mission est de retrouver la confiance que le peuple accordait et qui, dans une certaine mesure, est perdue», a poursuivi cet ennemi juré de M. Ahmadinejad, qui avait perdu face à ce dernier la présidentielle de 2005.

Dans cette situation, «il n’est pas nécessaire que des gens soient emprisonnés. […] Nous devrions nous tolérer mutuellement», a-t-il proclamé dans ce prêche retransmis par les médias iraniens.

C’est la première fois depuis plus de deux mois que M. Rafsandjani, soutien de M. Moussavi, dirigeait la grande prière hebdomadaire, à l’université de Téhéran. «Un grand nombre de gens sensés du pays ont dit qu’ils avaient des doutes» quant au résultat du scrutin. «Nous devrions œuvrer à répondre à ses doutes», a encore déclaré M. Rafsandjani.

«Nous avons tous perdu. Nous avons plus que jamais besoin d’unité […]. Ceux qui ont été touchés dans les incidents ont besoin de compassion. Nous devrions consoler les (personnes) endeuillées et rapprocher leurs cœurs du régime», a-t-il ajouté, admettant qu’il s’agissait d’une «crise» politique.

L’opposition iranienne entendait prouver sa force lors de cette prière, où la présence de deux des candidats battus, MM. Moussavi et Mehdi Karroubi, qui ne cessent de crier à la fraude, avait été annoncée. On ignorait dans l’immédiat si les deux hommes y avaient finalement assisté.

Des milliers de partisans de M. Moussavi étaient présents sur le site universitaire, arborant pour certains des brassards verts, couleur adoptée par le candidat pendant la campagne, selon des témoins. A l’issue de la prière, ils ont scandé des slogans à la gloire de Moussavi et lancé des «Allah Akhbar» («Dieu est grand»). La police, déployée en nombre avec des bassidjis (milices islamiques), tentait de les disperser.

Contestant les résultats de la présidentielle, les partisans de M. Moussavi ont pris part en juin aux manifestations les plus importantes de l’histoire de la République islamique, qui ont ébranlé les fondements du régime et fait au moins 20 morts.

Cette manifestation, la première depuis celle du 9 juillet - qui marquait le 10e anniversaire des émeutes étudiantes de 1999 -, intervient au moment où M. Ahmadinejad constitue son équipe en vue de son second mandat. Un de ses proches, Esfandiar Rahim Machaie, a été nommé premier vice-président, selon M. Ahmadinejad, cité vendredi par l’agence officielle Irna.

L’ancien ambassadeur d’Iran auprès de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Ali Akbar Salehi, a été désigné chef de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA).