Récolter l’eau de pluie à Los Angeles
Le long de la Hill Street qui plonge vers l’océan à Santa Monica, près de Los Angeles, la sécheresse ne semble pas avoir prise. Devant chaque maison ou presque, une pelouse, verte. L’agglomération de «L.A.» a pourtant fait des efforts. La consommation d’eau y est plus faible que dans les années 1980, bien que la ville ait connu une forte croissance démographique et économique. Directrice politique de l’organisation à but non lucratif TreePeople, installée sur une colline au-dessus de Beverly Hills, Deborah Weinstein Bloome estime néanmoins qu’un changement de paradigme doit intervenir. «Los Angeles n’utilise que 11% des eaux souterraines et importe 89% du reste. Ce n’est pas tenable.»
Avec la sécheresse, TreePeople a le vent en poupe. Et ses collaborateurs sont loin d’être de doux rêveurs: «Nous prônons une série de mesures concrètes, simples, éprouvées, qui, si elles se multiplient, produisent des effets d’échelle considérables. Un exemple? On dit souvent qu’il ne pleut pas ici. Or il suffit de 17,5 cm de précipitations pour fournir 26 500 litres par personne, insiste Deborah Weinstein Bloome. L’enjeu: capturer l’eau de ruissellement. Malheureusement, nous perdons chaque année 15 millions de litres d’eau qui s’écoulent directement vers l’océan.»
«Corriger les aberrations»
TreePeople travaille étroitement avec les autorités de Los Angeles, lesquelles viennent de lancer un Stormwater Capture Master Plan pour capter l’eau de pluie de façon agressive. Pour Deborah Weinstein Bloome, il est temps d’installer systématiquement de vastes citernes de collecte des eaux de pluie. Selon elle, il est aussi nécessaire d’aménager des sols plus perméables, de créer des surfaces de parking au revêtement plus clair et dotés d’arbres pour éviter l’effet d’îlots de chaleur pouvant faire grimper la température de plus de 10 degrés Fahrenheit en milieu urbain. «Il est aussi nécessaire de corriger des aberrations, ajoute la directrice politique de TreePeople. 50% de l’eau potable de L.A. sont utilisés pour un usage extérieur. Les toilettes ne devraient plus utiliser une telle eau. Les aménagements extérieurs peuvent être transformés.» Aujourd’hui, Los Angeles utilise 709 millions de mètres cubes d’eau. Si toutes les mesures évoquées sont prises, près de 50% de ces besoins pourraient être couverts.
Pour Deborah Weinstein Bloome, il importe de «valoriser l’eau et d’informer le public de ses caractéristiques multiples: eau potable, eau grise,…» Et des usines de désalinisation? «Trop chères et énergivores.» De nouveaux barrages? «Générateurs de gaz à effet de serre en raison du transport de l’eau.»