Et si le référendum comptait pour beurre?
Brexit
Une pétition circule sur Internet pour demander l’annulation du premier scrutin et la tenue d’un nouveau vote

Dans les convulsions qui agitent le Royaume-Uni depuis que le Brexit a été voté, des voix s’élèvent pour appeler à l’annulation du référendum. Quatre millions de Britanniques ont signé une pétition sur Internet pour qu’un second référendum soit organisé dans l’espoir que le prochain résultat soit conforme au choix des proeuropéens.
Un déni de démocratie
Parmi les arguments avancés pour nier le premier exercice démocratique et en convoquer un nouveau, on trouve, en vrac: les électeurs auraient été trompés par les mensonges des leaders en faveur du Brexit, nommément Boris Johnson et Nigel Farage; des informations précises sur l’objet soumis au vote et sur les conséquences d’un Brexit auraient manqué; un certain nombre d’électeurs ayant voté pour le «Leave» (divorce avec l’Union européenne) ont depuis jeudi dernier, jour du scrutin, changé d’avis.
La surprise d’un résultat inattendu explique l’immense désarroi des électeurs favorables à l’Europe. Toutefois, la tenue immédiate d’un deuxième référendum constituerait un déni de démocratie: la minorité en faveur de l’Union européenne (UE), sûre de la validité de son jugement, expliquant non sans paternalisme à une majorité considérée comme peu éduquée qu’elle se trompe. Une telle initiative pourrait nourrir le ressentiment de ces Britanniques qui pensent que l’establishment de Londres et de Bruxelles ne tient pas compte du petit peuple.
John Kerry ne croit pas au Brexit
Pour autant, rien ne garantit que le Brexit ait lieu. Boris Johnson, après avoir mené la campagne contre l’UE, s’est montré nettement plus nuancé sur les relations futures entre le Royaume-Uni et l’UE. Il a ajouté qu’il ne fallait pas brusquer les choses. Jouer la montre et attendre que les conditions soient différentes pourrait peut-être permettre la convocation d’un nouveau référendum. Mais il faudrait au moins deux ans pour que ce dernier ne soit pas perçu comme un outrage à la démocratie. A la suite d’une visite auprès de David Cameron, à Londres, le secrétaire d’État américain John Kerry a évoqué mardi la possibilité que le divorce n’ait jamais lieu: «Il y a un certain nombre de moyens» pour éviter une sortie définitive de l’UE. Il n’a pas donné de détails sur ce qu’il entendait, mais un délai dans la mise en application du Brexit ne manquera pas de créer de nouvelles tensions en Grande-Bretagne.