Le président du Conseil européen Donald Tusk n’est plus à l’aise et a convoqué cette semaine six journaux pour le dire. Il n’en peut plus avec l’élan de générosité montré par Angela Merkel à l’égard des réfugiés dont le flux n’est pas prêt à se tarir. Depuis le début de l'année, 750 000 Syriens, mais aussi Irakiens, Afghans, Pakistanais et Africains sont arrivés en Europe. « Evitons l’hypocrisie. Ce n’est plus une question de solidarité, mais un problème de capacité », a expliqué la première personnalité de l’Union européenne (UE). Selon lui, la majorité des Vingt-Huit ne veut plus suivre la chancelière allemande.

En effet. La fronde est menée ouvertement par le premier ministre hongrois Viktor Orban. Cette semaine, la Slovaquie a décidé de contester le programme contraignant de relocaliser les réfugiés se trouvant en Italie et en Grèce. Ne parlons pas de la Pologne dont le nouveau gouvernement  a mis fin à sa participation en invoquant les risques d’attentats terroristes par les réfugiés. Même la France par la voix de son premier ministre Manuel Valls, a dit, en utilisant d’autres mots, que la barque était pleine.

En réalité, Donald Tusk n’a pas changé d’avis. Au début de la crise des réfugiés, il préconisait déjà de limiter l’accueil. Mais suite à l’affirmation d’Angela Merkel que l’Europe a les moyens d'accueillir des gens en détresse, il avait décidé de ne pas nager contre-courant.

L’ancien premier ministre polonais avait aussi voulu éviter un conflit avec le président de la Commission Jean-Claude Juncker qui , lui, défendait son plan de relocalisation de 160 000 réfugiés se trouvant en Italie et en Grèce. Pour Donald Tusk comme pour d’autres,  les affirmations de Merkel et de Junker étaient purement une invitation aux réfugiés de venir en Europe. « L’accès à l’Europe est devenu très facile, a-t-il dit dans son message cette semaine. La vague migratoire est trop forte pour ne pas être stoppée. »

Donald Tusk a aussi vu d’un mauvais œil le fait que la chancelière allemande soit allée à Ankara et promettre trois milliards d’euros au nom de l’Union. Selon lui, Angela Merkel, qui est par ailleurs critiquée en Allemagne, au sein de sa coalition gouvernementale et à l’intérieur même de son parti, doit avoir le courage de dire « stop »