Kiev, 11h, heure locale. Depuis mon bureau de Genève, je peux suivre la séance du Parlement ukrainien en direct. Voir Vitaly Klitschko se lever quand il semble pris à partie par l’orateur. Vous pensez que je regarde la chaîne nationale ukrainienne depuis mon ordinateur? Pas du tout, je suis la retransmission live d’Aronets, qui se définit comme nationaliste et activiste politique et public sur Twitter, et membre du parti nationaliste Svoboda.

Une révolution est peut-être de nouveau en marche en Ukraine, mais ce qui est sûr, c’est que les réseaux sociaux bouillonnent. Que ce soit sur Facebook, sur son équivalent russophone VKontakte ou sur Twitter, les messages se succèdent rapidement, avec les mots-clés #Euromaidan ou son équivalent ukrainien #Євромайдан, le nom de la place de l’Indépendance, lieu emblématique des manifestations, auquel a été ajouté le préfixe «Euro».

La majorité des messages sont échangés en ukrainien ou en russe, mais quelques blogueurs ont saisi l’enjeu de traduire les messages en anglais. Ainsi, la contestation obtient un écho international, que ce soit auprès des journalistes non russophones ou du public occidental.

Un fort impact des réseaux sociaux sur la mobilisation

Les manifestants, dont la moyenne d’âge est inférieure à celle de la population, se servent en masse de smartphones et sont très connectés. Dès le début des mouvements de contestation, le 21 novembre, des messages ont circulé sur les réseaux sociaux appelant à des rassemblements sur la place de l’Indépendance, sans intervention de politiciens, rapporte la journaliste Kateryna Kapliuk, du Kyiv Post.

La page officielle d’Euromaydan sur Facebook a gagné près de 127’000 fans depuis sa création le 21 novembre. Twitter, jusqu’ici peu utilisé en Ukraine, connaît maintenant un important engouement, ajoute la journaliste ukrainienne.

Les réseaux sociaux sont aussi employés par les partisans du gouvernement pour tenter de décrédibiliser la mobilisation. Ainsi, des messages indiquant par exemple «On m’a offert 100 hryvnia pour venir à Euromaidan. Je n’irai pas, j’emmènerai plutôt ma femme au cinéma.» ont circulé sur Twitter.

Renforcement des réseaux de communication

Le plus grand fournisseur d’accès internet en Ukraine, Volia, a annoncé qu’il mettrait à disposition des points d’accès wifi gratuits à différents endroits à Kiev. La bande passante des clients avec des raccordements fixes a été étendue afin que ceux-ci puissent à leur tour partager leurs accès wifi. La justification avancée par l’opérateur pour cette opération? Offrir un accès large et stable à Internet, aussi sur les canaux mobiles.

Mais une telle opération pourrait aussi profiter aux services de sécurité, pour collecter des données sur les manifestants.