Les réussites: ■ Le plan de relance Quels effets ont eu les 780 milliards de dollars consacrés à relancer la machine économique américaine? Selon le «Congressional Budget office», une agence fédérale indépendante, ce montant a permis de sauvegarder entre 1,4 et 3,3 millions d’emplois en un an. Sans lui, le taux de chômage pourrait avoisiner les 12% (contre 9,5% actuellement). En outre, le plan de redressement aurait contribué à faire progresser le produit national brut américain entre 1,7 et 4,5%. Ces chiffres n’ont pas empêché les républicains de s’en prendre avec virulence aux mesures de relance, jugées inefficaces et trop chères. les démocrates eux-mêmes ont semblé se déchirer sur la question. La réforme de la santé Long de plus de 2.000 pages, le texte de la réforme de l’assurance santé a été approuvé après une interminable bataille politique. A terme, ce sont plus de 30 millions d’Américains, dépourvus jusqu’ici de toute couverture santé, qui devraient bénéficier de cette réforme. Dans l’immédiat, les enfants américains peuvent bénéficier désormais de l’assurance de leurs parents (s’ils en ont une) jusqu’à l’âge de 26 ans. En outre, il n’est plus possible aux assureurs d’exclure des clients en raison de leurs antécédents médicaux. Ici aussi, certains démocrates sont restés sur leur faim, puisque la célèbre «option publique» (une caisse d’assurance gérée par l’Etat) a été abandonnée. ■ La politique internationale Accord de désarmement nucléaire avec la Russie, retrait des troupes en Irak, perspective d’une fin de la guerre en Afghanistan, porte ouverte au réchauffement des relations avec le monde arabe et musulman, présence accrue dans les enceintes internationales… Les Etats-Unis ne sont plus les mêmes et se sont débarrassés en grande partie de cette position résumée par la célèbre formule de George Bush: «Avec nous ou contre nous». Face aux ambitions nucléaires de l’Iran ou aux bravades de la Corée du Nord, Washington joue en outre le jeu des négociations internationales. Mais la politique internationale est de peu de poids dans les élections. Et, dans le conflit israélo-palestinien, les efforts d’Obama n’ont eu jusqu’ici aucun résultat. Les échecs: ■ Les emplois Le président a trop tardé avant de prendre à bras-le-corps la question des emplois, la seule qui intéresse réellement les électeurs. Une très large majorité d’Américains se proclame avant tout préoccupée par l’avenir économique du pays, et la perception générale est celle d’un «déclin» progressif de la puissance américaine. Le plan de relance a été mal «vendu» à l’opinion publique. Et les Américains sont peu nombreux à se souvenir que la crise économique ainsi que le gigantesque déficit public sont le produit des politiques menées par l’administration républicaine précédente. ■ Le sauvetage des banques Dans un contexte de chômage persistant et d’incertitude, le sauvetage des banques et du système financier est apparu comme une manière de pardonner à Wall Street ses propres excès tandis que les petites entreprises et les salariés payaient la facture. Aucune sanction réelle n’a été prise contre les financiers coupables d’avoir précipité la crise. Bien plus: la pratique des primes et des bonus mirobolants a repris de plus belle au sein du monde financier, quelques mois après que Washington a débloqué 700 milliards de dollars pour lui venir en aide. Au final, l’opération ne devrait pas coûter un centime aux contribuables américains. Mais elle a contribué à allumer les feux de la révolte, notamment chez les sympathisants du mouvement du «Tea Party». ■ L’arrogance Entouré de son cercle restreint de conseillers, Barack Obama a donné l’impression de se désintéresser de l’Amérique profonde et de mépriser ceux qui ne pensaient pas comme lui. Ajouté à une assurance tranquille, son caractère dépassionné s’est révélé un formidable atout pendant la campagne électorale, il y a deux ans. Mais aujourd’hui, ces mêmes caractéristiques se retournent contre lui. Peu importe le fait que le président ait passé une bonne année à tenter de trouver des compromis avec des républicains qui n’ont cessé, de leur côté, de jouer sur le registre de l’obstruction: Obama est apparu hautain et arrogant, étranger aux préoccupations de l’Amérique et, pour certains, étranger à l’Amérique elle-même. Les préjugés et le racisme ordinaire, parfois, ont fait le reste.