Perte de contrôle et désaveux
Celui qui fut longtemps l’ennemi public numéro un des Etats-Unis était de plus en démoralisé par l’incapacité de son organisation de rester centrée sur ses priorités: attaquer l’Amérique pour qu’elle quitte les terres de l’islam. Il avait l’impression de perdre le contrôle de ce que la première organisation djihadiste mondiale, créée en 1998 au Pakistan, devait être. Il tenta ainsi de recadrer les groupes affiliés d’Al-Qaida en Somalie et au Yémen. Il exhorta même le leader de la milice somalienne Al-Shabab à ne pas se revendiquer d’Al-Qaida. Oussama ben Laden écrivit à Hakimullah Mehsud, le leader des talibans au Pakistan, le sommant de cesser les attaques contre des mosquées et des marchés pakistanais qui ont causé la mort de centaines de civils. Pour redéfinir Al-Qaida, il fit appel à un jeune lieutenant d’origine libyenne, féru d’Internet, Atiyah Abd al-Rahman. Sa mission: codifier les règles de conduite d’Al-Qaida et des affiliés. Tuer des innocents musulmans, prévient Ben Laden, tel que ce fut le cas au Pakistan ou en Irak, cause des dégâts d’image importants et viole la charia. L’ex-leader d’Al-Qaida, toujours plus légaliste, a même eu une attitude étonnante en désavouant la tentative d’attentat suicide de l’Américain Faisal Shahzad à Times Square à New York en mai 2010, car elle ne respectait pas la charia. Dans un document, le Saoudien avoue que son organisation est en train de rater une énorme opportunité marketing en ne saisissant pas les enjeux du Printemps arabe.
Ce qui va sans doute le plus indisposer les Américains, c’est le constat que les dirigeants d’Al-Qaida collaboraient étroitement avec le mollah Omar, commandant en chef des talibans, et avec le groupe terroriste nigérian Boko Haram.