Le Fonds monétaire international (FMI) et la Commission européenne ont mis en garde Riga contre les risques que présentent les niveaux élevés de dépôts des non résidents (DNR) dans treize banques locales, classées comme «orientées vers le service du client étranger». Le FMI estime que 90% de ces dépôts viennent de Russie et d’autres pays de la CEI.

Pour sa part, le premier ministre Valdis Dombrovskis a catégoriquement nié que son pays ait l’étoffe d’un havre fiscal à l’instar de Chypre, avec ses importants dépôts russes. Les montants des DNR et des fonds étrangers ne cessent pourtant de croître dans cet ex-république soviétique et passent souvent entre les mailles de la surveillance du secteur financier, selon les experts. Outre la possibilité d’ouvrir des comptes de non-résidents, les banques lettones servent d’intermédiaires pour des transferts d’argent, moyennant 10 à 20 dollars par transaction.

Les DNR ont augmenté de 17% en 2012 et de 5% au premier trimestre de 2013, accumulant au total 9 milliards d’euros (11,1 milliards de francs), soit environ la moitié de tous les dépôts dans les banques lettones et l’équivalent de 40% du PIB de ce pays balte, selon la Commission lettone de contrôle financier.

Selon Inga Springe du Centre balte de journalistes d’investigation Baltica, depuis le milieu des années 90, des entreprises utilisant des intermédiaires lettons pour cacher l’identité des véritables propriétaires sont monnaie courante dans ce pays. «Ils embauchent des Lettons comme des personnes interposées, ce qui explique pourquoi un nom comme Eriks Vanagels réapparaît constamment dans les documents. Or quelqu’un comme Vanagels semble être juste un retraité qui a vendu sa signature», indique-t-elle à l’AFP.

Le chef du régulateur financier de Lettonie, Kristaps Zakulis, affirme pour sa part que Riga ne peut être tenu pour responsable de fraudes qui ont leurs origines et qui aboutissent ailleurs.

Destination très prisée par les Russes

Mais le secret autour d’une décision récente de la la Commission lettone de contrôle financier, infligeant une amende à une banque lettone pour possible blanchiment d’argent en rapport présumé avec le scandale Magnitski en Russie, pourrait mettre en doute les assurances sur la transparence du secteur bancaire.

Sergueï Magnitski, juriste russe devenu un symbole de la lutte contre la corruption endémique en Russie, avait été arrêté en 2008 après avoir dénoncé une vaste machination financière de 5,4 milliards de roubles (160 millions de francs) ourdie, selon lui, par des responsables de la police et du fisc au détriment de son employeur ainsi que de l’Etat russe. Il est décédé en 2009.

La minorité russophone représente un tiers de la population de ce pays balte de 2,2 millions d’habitants, membre de l’UE et de l’OTAN depuis 2004. Riga propose aussi un permis de séjour de cinq ans aux étrangers qui achètent des biens pour au moins 50’000 lats (87’500 francs).

La majorité des 6000 requêtes enregistrées jusqu’en mai ont été faites par des Russes et d’autres citoyens de la CEI. Pratiquement toutes ont été acceptées. Au total, 34’000 citoyens russes et 5400 citoyens d’autres pays de la CEI résidaient en Lettonie en 2011, selon le dernier recensement.