ONU
Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme a publié vendredi un rapport effrayant sur la répression étatique de cette minorité musulmane en Birmanie

Co-auteure d’un rapport rédigé à la demande du haut-commissaire aux droits de l’homme Zeid Ra’ad Al Hussein, Linnea Arvidsson peine à trouver ses mots pour décrire l’enfer des Rohingyas: «Je n’ai jamais vu une telle accumulation de violations graves des droits de l’homme.» Une équipe de quatre personnes dirigée par Linnea Arvidsson a été dépêchée en janvier au Bangladesh, dans le district de Cox’s Bazar pour y interviewer 220 personnes qui faisaient partie des 66 000 Rohingyas sur une population de 800 000 (1 million dans tout le pays) qui ont fui leur État de Rakhine, dans le nord du pays, depuis le 9 octobre.
Le constat est effrayant. Les Rohingyas, minorité musulmane, y sont fortement réprimés par la police régulière, l’armée et les gardes frontières birmans. Ils continuent de fuir vers le Bangladesh voisin.
Femmes violées et bébés égorgés
«Plusieurs mères nous ont raconté comment elles ont été violées et leurs bébés égorgés. Une femme enceinte de neuf mois a même subi un viol collectif», poursuit Linnea Arvidsson. Cette pratique concerne la majorité des victimes de viol interviewées. Après avoir été violée par des soldats, une fille de 14 ans a vu sa mère se faire battre à mort et ses deux sœurs être tuées en direct à l’arme blanche. Les enfants ne sont pas épargnés dans une pratique que certains assimilent à un «nettoyage ethnique».
Les Rohingyas ne sont pas considérés par la population locale comme appartenant à l’héritage ethnique, culturel et religieux de cet Etat, l’un des plus pauvres de Birmanie. Ils sont victimes d’incitation à la haine de la part de groupes ultranationalistes bouddhistes.
Ce que nous avons entendu n’est pas très différent de ce qui s’est passé en Bosnie
Exécutions sommaires, disparitions forcées ou encore maisons brûlées: ces crimes sont, explique le rapport, sans doute des crimes contre l’humanité. Peut-on parler de génocide? Linnea Arvidsson le souligne: «Ce que nous avons entendu n’est pas très différent de ce qui s’est passé en Bosnie» à l’époque. Porte-parole du Haut-Commissariat, Rupert Colville nuance: «Le crime de génocide exige des preuves extrêmement solides. Ce n’est pas un terme que l’ONU utilise facilement.»