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Le salaire minimum enjeu du «mid-term»

Ce jeudi, des milliers d’employés des chaînes de fast-food préparent la plus importante grève jamais organisée par le secteur. Dans le même temps, le président Barack Obama fait de la hausse du salaire minimum un thème de campagne

Manifestation devant un fast-food à Atlanta en mai dernier. — © Keystone
Manifestation devant un fast-food à Atlanta en mai dernier. — © Keystone

Le salaire minimum enjeu du «mid-term»

Etats-Unis Les employés des chaînes de fast-food seront en grève jeudi

Le président Obama fait de la hausse du salaire minimum un thème de campagne

A deux mois des élections de mi-mandat pour le Congrès américain, le salaire minimum devient un thème majeur d’une campagne qui s’annonce houleuse. Ce jeudi, des milliers d’employés des fast-foods du pays préparent la plus grande grève jamais organisée dans le secteur (4 millions de travailleurs) dans près de 150 villes du pays. Ils revendiquent un salaire minimum de 15 dollars l’heure et une couverture médicale. Ils ne sont pas à leur coup d’essai. Depuis que les employés de la restauration rapide à New York ont levé le ton en 2012, six grèves ont déjà tendu les relations entre employés et grandes chaînes de fast-foods, dont la plus importante, McDonald’s.

Le mot d’ordre des grévistes: non-violence et désobéissance civile, deux expressions qui rappellent le discours du révérend Martin Luther King sur la justice économique prononcé en août 1963 sur les marches du Lincoln Memorial de Washington. Pour les démocrates, la mobilisation en faveur d’un salaire minimum majoré est une aubaine. Car ils vont au-devant d’élections difficiles. Dans l’impossibilité presque mathématique de reconquérir la Chambre des représentants, ils pourraient perdre le contrôle du Sénat et mettre Barack Obama dans une situation pour le moins inconfortable pour les deux dernières années de son second mandat.

Le président américain, dont certains candidats démocrates tendent à s’éloigner en raison de sa faible cote de popularité, a saisi l’intérêt qu’il avait de thématiser sur le sujet. En 2012, lors de la campagne présidentielle, il avait déjà insisté sur la nécessité de réduire les inégalités de revenus. Le jour de Labor Day, lundi, qui marque la rentrée politique, il a martelé la nécessité d’augmenter le salaire minimum fédéral de 7,25 dollars à 10,10 dollars. «L’Amérique mérite une hausse [salariale]», a-t-il déclaré lors d’une allocution tenue à Milwaukee, dans le Wisconsin. Pour la Maison-Blanche, harcelée par les crises qui font rage sur la scène internationale, c’est une manière de se focaliser à nouveau sur ce qui importe aux Américains: l’économie. Le président démocrate a ainsi rappelé que depuis son entrée en fonction, en janvier 2009, les Etats-Unis ont recréé 10 millions d’emplois et réduit le taux de chômage à 6,2%.

La hausse proposée par la Maison-Blanche peut paraître importante, mais on est loin des exigences syndicales formulées en Suisse pour un salaire minimum à 4000 francs par mois que le peuple a refusé. Avec 7,25 dollars l’heure, nombre d’employés sont dans l’incapacité de payer leurs factures et doivent la plupart du temps renoncer à contracter une assurance maladie que leur employeur (fast-food) ne leur offre pas. Depuis la grande récession de 2008, l’économie américaine a certes repris de la vigueur, mais la précarité salariale s’est accrue. Illustration de la manière dont certaines entreprises appréhendent la question salariale outre-Atlantique: voici quelque temps, McDonald’s avait mis à la disposition de ses employés une ligne téléphonique pour les aider à obtenir des bons alimentaires afin de compléter leur maigre pécule.

Pour les républicains du Congrès, pas question d’augmenter le salaire minimum. Ce serait, selon eux, la recette garantie pour détruire des emplois et réduire la compétitivité des sociétés américaines. Le printemps passé, au Sénat, ils ont bloqué le passage d’une loi allant dans ce sens. Mais leur posture semble aller à contre-courant de l’opinion publique. Si le Congrès refuse d’agir, certaines entreprises et institutions ainsi que 13 Etats ont déjà décrété des augmentations du salaire minimum. La ville de Seattle a été la plus audacieuse en imposant un salaire minimum de 15 dollars l’heure. San Francisco votera sur la question en novembre. Les maires de Chicago et de Los Angeles ont manifesté leur intention de hausser le salaire de base à 13 dollars. Selon un sondage publié à la fin mai, 71% des Américains veulent une hausse du salaire minimum et 55% d’entre eux estiment qu’il doit être augmenté à 10 dollars ou plus de l’heure. Même des Etats réputés conservateurs comme l’Alaska, le Dakota du Sud voire l’Arkansas, relève The Guardian, envisagent une mesure similaire.

Le 4 novembre prochain, il n’est cependant pas sûr que l’électeur glisse son bulletin de vote dans l’urne avec la question du salaire minimum en tête. Si l’Etat islamique, qui est désormais considéré par les Américains comme une vraie menace pour le pays, devait continuer à sévir (lire ci-dessous), il pourrait tourner son regard vers les faucons républicains.

Pour les républicains, augmenter le salaire minimum détruitdes emplois et réduitla compétitivité