Le président Obama a tenté mercredi d’imposer au Congrès sa résolution à réformer un système de santé proche du «point de rupture». Il a fustigé les mensonges de ses opposants, qui espèrent infliger à sa présidence un échec aux conséquences durables.

«Dans un discours particulièrement émouvant prononcé devant les deux chambres du Congrès, écrit Le Figaro, le président américain a dénoncé les mensonges de ceux qui s’opposent à son projet. [...] En présence des membres de son cabinet, du corps diplomatique et de sa femme Michelle tout de rose vêtue, Barack Obama a fait front. Réaffirmant avec clarté et passion dans un discours de 45 minutes [...], son autorité et son engagement total au service d’une des missions phares de son mandat: donner une couverture santé à l’ensemble des Américains. «Nous ne sommes pas venus ici pour avoir peur du futur. Nous sommes venus ici pour le forger», a-t-il lancé sous les applaudissements nourris du camp démocrate», après avoir lu une lettre posthume du sénateur Ted Kennedy.

«Pourra-t-il renverser la tendance dans le débat sur la réforme de santé?», cet «orateur talentueux», se demande de son côté Le Monde. «La méthode Obama, selon le Huffington Post, ce sont en effet «des discours éloquents» et une «décontraction qui rassure les Américains»; Obama est «cool», et quand la pression monte, il parle.» Car en vue d’«obtenir ce qu’il veut, un président doit savoir se montrer dur et âpre». D’ailleurs, le Washington Post avait prévenu qu’il devrait «être grand» et qu’il ne suffisait pas, justement, d’être cool, précisant aussi que Barack Obama se trouvait «au bord du précipice».

Mais, relève le site de la RTBF, «de nombreux républicains parlent de la création d’un système socialiste de santé, ainsi que d’une façon de favoriser l’euthanasie et l’avortement. De son côté, l’aile gauche du parti démocrate considère que ce projet ne va pas assez loin. Les contours du projet [...] sont assez flous. C’est l’un des reproches que l’on fait souvent à Barack Obama.»

Des reproches que détaillent Les Echos: «Au cours de ses huit premiers mois de présidence, la volonté présidentielle a paru incertaine sur le Proche-Orient, hésitante sur le climat, molle sur la réforme de la finance et d’une prudence coupable sur la santé. Comme si Obama avait changé avant d’apporter le changement promis.»

Le plan sanitaire du président «recueillait encore, en début d’année, une majorité d’opinions favorables, rappelle pour sa part Ouest France. Mais l’offensive menée par l’opposition républicaine, l’industrie pharmaceutique et les professions de santé, fait aujourd’hui douter les Américains.» Le journal propose aussi le témoignage d’Alice, proche de la cinquantaine, qui «souhaite que la réforme aboutisse au plus vite. Il y a quelques mois, les médecins lui ont diagnostiqué une sorte de tumeur au cerveau. Cadre au chômage, elle a perdu son assurance santé en même temps que son emploi. «Aujourd’hui je ne peux rien faire, je ne peux bénéficier d’aucun traitement, c’est une situation horrible», dit-elle.»

«Au cours du mois d’août, écrit encore Le Monde, les réunions publiques organisées à travers les Etats-Unis sur le sujet ont montré le malaise des Américains face à une réforme d’une telle ampleur.» Et «les conservateurs refusent de voir l’Etat prendre une place démesurée dans la politique de santé». En résumé, «le mois d’août a mis la Maison-Blanche à genoux», selon la formule du New York Times. «En d’autres termes, si le président avait jusqu’à présent «joué la prudence», selon le Los Angeles Times, «il passe maintenant à l’attaque». Un changement de stratégie que le quotidien de la côte Ouest n’hésite pas à qualifier d’ «all in politique» – le fameux «tapis» du poker, lorsque le joueur mise tout pour un quitte ou double qui peut se révéler fatal.»