La justice française a confirmé jeudi en appel la condamnation pour «escroquerie en bande organisée» à une amende totale de 600.000 euros des deux principales structures françaises de l’Eglise de scientologie, qui a indiqué qu’elle allait se pourvoir en cassation.

La cour d’appel de Paris a confirmé les amendes respectives de 400.000 et 200.000 euros infligées aux deux structures parisiennes, le Celebrity Centre et sa librairie SEL.

Cinq scientologues ont en outre été condamnés en appel à des peines allant de 10.000 euros d’amende à deux ans de prison avec sursis et 30.000 euros d’amende. Alain Rosenberg, considéré comme le «dirigeant de fait» de la Scientologie parisienne, figure parmi ces condamnés.

L’abus de vulnérabilité confirmé

La justice française reproche à ces structures de la scientologie et à ces cinq membres d’avoir profité de la vulnérabilité d’anciens adeptes pour leur soutirer de fortes sommes d’argent.

«C’est une décision historique», a déclaré devant la presse Olivier Morice, avocat de l’Unadfi, association de lutte contre les dérives sectaires, dont la constitution comme partie civile avait cependant été jugée irrecevable lors des audiences. «C’est la première fois en France que la Scientologie est condamnée en tant que personne morale pour escroquerie en bande organisée», a-t-il dit, parlant de «très bonne nouvelle pour ceux qui luttent contre les sectes» et de «défaite sévère de l’Eglise de scientologie».

«Je pense que nous sommes au début d’autres décisions marquantes contre la Scientologie, qui pourraient entraîner une interdiction, voire une dissolution», a ajouté Me Morice. «Cette décision était attendue par de nombreux pays qui luttent contre les dérives sectaires», a-t-il dit, citant l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne, l’Italie, l’Australie et les Etats-Unis.

Pour sa part, la Scientologie a dénoncé un verdict «faussé et inéquitable» et indiqué qu’elle se pourvoyait «immédiatement» en cassation, dans un communiqué.

La Scientologie va se pourvoir en cassation

«L’Association Spirituelle de l’Eglise de Scientologie-Celebrity Centre considère que la décision rendue est totalement faussée et inéquitable, car elle est le résultat d’une sorte de procès fantôme, où de nombreuses irrégularités et violations des droits fondamentaux des scientologues se sont succédées», a-t-elle indiqué.

Les prévenus et leurs avocats, qui avaient quitté le procès au bout de deux semaines après le rejet de tous les points de procédure qu’ils avaient soulevés pour faire renvoyer les débats, n’ont pas assisté à la lecture de l’arrêt.

Dans son communiqué, le Celebrity Centre explique ce départ par de «nombreuses violations des droits de la défense» et par un «sentiment de doute sur l’indépendance de la justice».

La justice reproche aux prévenus d’avoir profité de la vulnérabilité d’anciens adeptes pour leur soutirer de fortes sommes d’argent.

Le test de personnalité qui leur a été proposé pour les attirer «ne présente aucune valeur scientifique», écrit la cour dans son arrêt. Les prestations proposées à ces personnes à la suite de leurs tests, interprétés par la scientologie comme «extrêmement négatifs», s’inscrivaient dans «un objectif uniquement financier», et les sommes qui leur étaient demandées étaient «sans commune mesure» avec leurs ressources.

Classé parmi les sectes dans plusieurs rapports parlementaires français, le mouvement fondé en 1954 par l’écrivain américain de science-fiction Ron Hubbard est considéré comme une religion dans quelques pays européens et aux Etats-Unis, où il compte des membres célèbres, comme l’acteur Tom Cruise.

Il revendique plus de 10 millions d’adeptes dans le monde et 45.000 en France.