Pendant la campagne, Hannelore Kraft a soigneusement évité d’aborder la délicate question des alliances, qui décidera aussi de la majorité au Bundesrat, et de l’avenir de la coalition d’Angela Merkel à Berlin. Si le SPD arrivait en tête dimanche soir, Hannelore Kraft deviendrait la prochaine ministre-présidente du Land le plus peuplé d’Allemagne. Si elle gouvernait comme elle le souhaite avec l’appui des seuls Verts ou (un scénario qu’elle a pour l’instant écarté) avec celui des Verts et des néocommunistes de Die Linke, Angela Merkel perdrait en théorie la majorité au Bundesrat, dont l’appui est indispensable pour faire passer le programme de réformes d’inspiration libérale négocié à l’automne avec les libéraux du FDP.
«Avec la Rhénanie aux mains du SPD, gouverner deviendrait plus difficile pour Angela Merkel, rappelle Gerd Langguth, auteur d’une biographie consacrée à la chancelière. Mais il ne faut pas oublier que, du fait du jeu des alliances, les partis sont de toute façon obligés de négocier entre eux, y compris au Bundesrat. Les choses deviendraient par contre véritablement difficiles pour Angela Merkel si ce premier test après les élections générales de l’automne marquait le début d’une longue série de défaites, si la CDU perdait les unes après les autres les élections régionales à venir, comme cela avait été le cas pour Helmut Kohl ou Gerhard Schröder en fin de mandat. L’opposition se trouve dans une position de boycott à partir du moment où elle contrôle les deux tiers du Bundesrat.»