Proche-Orient
Yossi Cohen, qui vient d’être nommé à la tête du Mossad, a été éduqué dans une école talmudique. Comme le nouveau préfet général de police

Au terme d’une longue période de tergiversations, Benyamin Netanyahou a nommé lundi soir son homme de confiance Yossi Cohen, 54 ans, à la tête du Mossad, l’agence israélienne des renseignements extérieurs. Avant d’en arriver là, le nouveau super-espion a effectué un parcours sans faute dans le service, qu’il avait intégrée en 1984.
Surnommé «le mannequin» en raison de son physique avantageux, Yoram Cohen a notamment dirigé des stations du Mossad en Europe. Il a également géré des «sources» opérant sur le terrain et a, entre autres, été impliqué dans différentes tentatives israéliennes de saboter le potentiel nucléaire iranien.
Originaire d'un quartier pauvre de Jérusalem, il est issu d’une famille religieuse, a été éduqué dans un yeshiva (école talmudique), et a longtemps porté la kippa. Une information sans intérêt? Pas sûr car, avec la nomination de Yossi Cohen, l’on peut affirmer que tous les plus hauts responsables de l’appareil sécuritaire israélien sont issus du même moule religieux. Ce qui ne s’était jamais vu auparavant.
En effet, la semaine dernière, les projecteurs de l’actualité se sont braqués sur Ronny Alsheik, 52 ans, le nouveau préfet général de police de l’Etat hébreu qui entrait en fonction. Or, ce dévot portant une grosse kippa tricotée est lui aussi passé par une école talmudique. Et il a longtemps résidé dans la colonie de Kochav Hashakhar (Cisjordanie) avant de déménager derrière la «ligne verte».
Retour à un Israël biblique
Pour les commentateurs, le «premier flic d’Israël» s’inscrit en tout cas dans courant messianique relayé au gouvernement par le parti Foyer juif (extrême droite). Avant d’être promu à la tête de la police, Ronny Alsheik était le numéro deux du Shabak, la Sûreté générale dirigée par Yoram Cohen, un autre porteur de kippa également formé dans une yeshiva.
Un élément de plus confirmant que les nationalistes religieux partisans du retour à un Israël biblique, donc de l’extension de la colonisation, sont de plus en plus nombreux dans les organes sécuritaires de leur pays.
A Tel-Aviv, les mauvaises langues affirment d’ailleurs cyniquement qu’ils les «colonisent» après avoir réussi la même opération à Tsahal (l’armée) où les officiers religieux forment désormais 40% des effectifs alors qu’ils s n’étaient que 12% au début des années 1990. Politiquement et religieusement motivés, ces hommes se retrouvent surtout dans les unités spéciales stationnées en Cisjordanie pour «réprimer le terrorisme palestinien», mais également à l’état-major.
Quant au Shabak, les données relatives à son personnel sont encore plus secrètes que celles de l’armée, mais l’on sait que de nombreux religieux favorables au «Grand Israël» y ont été engagés depuis que Yoram Cohen en est le directeur général.
Quoi qu’il en soit, la présence de plus en plus importante d’éléments messianiques aux fonctions sécuritaires importantes commence à inquiéter les observateurs locaux. En 2014, le chroniqueur du quotidien Haaretz Amir Oren a ainsi révélé que depuis la «prise de pouvoir» des représentants de ce courant, l’évaluation annuelle des membres du personnel comprend des questions du genre «Agissez-vous en accord avec le système de valeur sioniste?», ce qui était impensable auparavant.
Lorsque que Ronny Alsheik à reçu ses insignes de préfet général de police, le Yediot Aharonot a également tiré la sonnette d’alarme. «Sa nomination est un nouveau point d’honneur pour le public nationaliste religieux, a écrit l’éditorialiste Elhanan Glat. De la tête de l’armée à celle de nos services de sécurité et de la police, ses représentants se sont désormais accrochés partout.»