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Silvio Berlusconi marque un point contre les juges

Affaires. Le président du Conseil a obtenu de son ministre de la Justice le transfert du magistrat chargé d'instruire le plus gros dossier de corruption le concernant

En guerre contre le pool «Mains Propres», Silvio Berlusconi vient d'infliger aux magistrats un nouveau camouflet. Son garde des Sceaux, Roberto Castelli, a en effet décidé le transfert «immédiat» du juge Guido Brambilla. Avec deux autres collègues, celui-ci était chargé depuis mars 2000 de juger le Cavaliere et son ancien ministre de la Défense Cesare Previti pour corruption de magistrats dans le cadre de la privatisation, en 1985, de la société alimentaire SME. Il s'agit de l'un des plus lourds dossiers judiciaires concernant l'actuel chef du gouvernement. En substance, selon le procureur Ilda Boccassini, les deux accusés auraient payé en 1985 le juge romain Renato Squillante afin qu'il déboute leur concurrent, Carlo De Benedetti, qui avait contesté les conditions d'attribution de la SME.

Alors que les accusés font traîner en longueur le procès, le ministre de la Justice, Roberto Castelli, a ainsi décidé de ne pas prolonger le mandat de Guido Brambilla. Transféré depuis le mois d'octobre au Tribunal de surveillance de Milan, celui-ci avait jusqu'à présent obtenu d'être prorogé — comme c'est la coutume — pour conclure le procès SME. Après avoir contesté la validité de la première prolongation de trois mois obtenue cet automne, le garde des Sceaux vient de refuser une seconde prorogation. «C'est un choix dicté par la loi», a soutenu Roberto Castelli. «La prolongation aurait pu être régularisée», a rétorqué le procureur général de Milan Gerardo D'Ambrosio, ajoutant que le choix de transférer «immédiatement» le juge Brambilla «est une confirmation supplémentaire de la volonté de l'exécutif d'empêcher le déroulement du procès». Le transfert de Guido Brambilla, effectif depuis hier, risque d'annuler tout ou partie du procès. L'affaire est désormais dans les mains de la Cour d'appel de Milan, qui devra décider d'un éventuel «détachement» partiel du juge Brambilla du Tribunal de surveillance, le temps de boucler le procès. Mais les défenseurs de Previti ont d'ores et déjà présenté une demande de «récusation» de Guido Brambilla, estimant qu'une telle dérogation serait illégitime.