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Slaviansk résiste à l’armée ukrainienne

Les forces de Kiev lancent un troisième assaut contre la ville rebelle. Les insurgés pro-russes abattent deux hélicoptères

Soldats sur un barrage saisi aux insurgés. — © AFP
Soldats sur un barrage saisi aux insurgés. — © AFP

Slaviansk résiste à l’armée ukrainienne

Europe Les forces de Kiev lancent un troisième assaut contre la ville rebelle

Les insurgés pro-russes abattent deux hélicoptères

L’armée ukrainienne a fait une timide avancée dans le fief des ­insurgés pro-russes vendredi matin. Mais deux de ses soldats ont été tués, sept autres blessés et deux hélicoptères ont été abattus par les rebelles armés contrôlant la ville de Slaviansk, où sont re­tenus en otage sept observateurs de l’OSCE ainsi qu’une trentaine d’activistes ukrainiens.

Les forces régulières ukrainiennes ont lancé à 4h30 du matin un assaut coordonné contre les neuf postes de contrôle barrant l’accès à cette ville de 120 000 habitants. La population a été réveillée sur les coups de 5h par des sirènes d’alerte. Plusieurs explosions ont retenti. Des colonnes de fumée noire montaient vers le ciel depuis deux barricades érigées par les forces rebelles. L’assaut s’est poursuivi toute la matinée.

Face à l’armée régulière lour­dement armée, les rebelles se disent équipés d’armes récupérées dans les arsenaux de l’armée ukrainienne. Des armes assez perfectionnées pour abattre deux ­hélicoptères d’attaque Mi-24, ­surnommés «tanks volants». Pour le Service de sécurité d’Etat (SBU), l’armée ukrainienne fait face à des «mercenaires étrangers très bien entraînés et équipés».

Selon l’expert militaire ukrainien Dmitry Tymchuk, les rebelles auraient utilisé des missiles sol-air à très courte portée, auxquels les hélicoptères volant à basse altitude sont extrêmement vulnérables. Un hélicoptère Mi-8 avait déjà été détruit la semaine dernière par une roquette sur l’aérodrome de Kramatorsk, à 10 kilomètres de Slaviansk.

Une source militaire contactée par Le Figaro confirme que l’armée ukrainienne était au courant de la possession de telles armes par les rebelles. La source émet d’ailleurs des réserves sur le bien-fondé de rondes d’hélicoptères à très basse altitude, compte tenu du danger.

Dans la soirée, le président par intérim Alexandre Tourtchinov a déclaré que tous les points de ­contrôle érigés par les séparatistes à l’entrée de la ville étaient passés sous le contrôle de l’armée régulière et que la ville était par con­séquent encerclée. Mais dans un communiqué fourni par son service de presse, il a reconnu que l’opération antiterroriste ne se déroulait pas aussi rapidement que souhaité et qu’elle était grandement compliquée par le fait que «les terroristes se trouvent dans des villes densément peuplées, se cachent derrière des otages et font feu depuis des immeubles d’habitation».

C’est la troisième tentative en deux semaines des forces ukrainiennes pour encercler la ville. Le souci du gouvernement d’épargner la population civile dans une région où il est déjà fort impopulaire est une tâche très délicate. Le soutien d’une partie importante de la population de Slaviansk aux rebelles pro-russes est irréfutable.

Une vidéo postée vendredi sur Internet montre des dizaines d’hommes et de femmes de Slaviansk barrer la route à une colonne blindée de l’armée régulière, poussant des cris et des injures. Viatcheslav Ponomariev a plus d’une fois appelé à la rescousse l’armée russe, alors qu’une force d’intervention rapide estimée entre 40 000 et 50 000 hommes est déployée de l’autre côté de la frontière.

Moscou a réagi très vivement vendredi à l’opération militaire contre Slaviansk. Le porte-parole de Poutine, Dmitri Peskov, a dénoncé une «action criminelle» et accuse Kiev de fouler aux pieds la déclaration de Genève. La veille, Vladimir Poutine avait exigé que Kiev retire complètement son armée de l’est de l’Ukraine. L’ambassadeur de Russie auprès de l’ONU, Vitali Tchourkine, a insinué que Kiev bénéficiait d’une aide militaire étrangère, car «des dialogues d’étrangers donnant des instructions en anglais aux attaquants [de Slaviansk] ont été interceptés», selon le diplomate. Moscou affirme respecter la déclaration de Genève mais n’a jamais demandé aux rebelles de déposer les armes ou de libérer les bâtiments officiels qu’ils occupent, comme l’exige l’accord. Et les télévisions russes offrent un soutien média­tique total aux insurgés.

Le porte-parole de Poutine, Dmitri Peskov, a dénoncé une «action criminelle» de Kiev