La société civile israélienne minimise le danger
cyberguerre
Le laxisme de la société civile tranche avec l’armée qui s’est préparée depuis dix ans aux attaques informatiques
C’est sans doute l’un des départements les plus secrets de Tsahal (l’armée israélienne). Connu sous le nom de C41, il est chargé de renforcer les défenses anti-intrusions électroniques de l’Etat hébreu en collaboration avec l’Unité 8200 des renseignements militaires, une structure soupçonnée à tort d’avoir participé à l’élaboration de Stuxnet, ce virus informatique qui avait endommagé le site nucléaire iranien de Natanz en 2010.
L’idée de protéger les infrastructures nationales israéliennes contre les intrusions de hackers a pris forme en 2002, durant la deuxième Intifada et lorsqu’Ariel Sharon était encore premier ministre. A l’époque, ce sont les centres informatiques des entreprises vitales de l’Etat hébreu (distribution d’eau, compagnie téléphonique, ports, chemins de fer, etc.) qui ont été placés sous la protection électronique de l’armée.
Mais au fil du temps, comprenant que la cyberguerre serait un enjeu majeur des conflits à venir, Tsahal a renforcé ses structures existantes comme l’unité Matzov chargée de crypter les communications du Mossad et de divers autres services sensibles. Le département C41 ainsi que les unités des renseignements militaires chargés des défenses électroniques ont été restructurés de fond en comble de manière à les rendre plus efficaces et plus réactifs. A la fin de 2010, plusieurs centaines de jeunes gens – dont la plupart ne sont pas diplômés, mais sont doués en informatique – ont ainsi été recrutés pour travailler dans le département ou dans les unités des renseignements militaires avec lesquelles il collabore le plus.
Laxisme de la société civile
Certains de ces petits génies sont à peine âgés de 18 ans. D’autres sont des ultraorthodoxes que l’étude intensive des Saintes Ecritures a formés à élaborer des raisonnements abstraits peu accessibles au commun des mortels.
Tout cela tranche avec le laxisme qui prévaut au sein de la société civile israélienne où le risque d’attaque informatique majeure n’est pas vraiment pris au sérieux. Certes, en novembre 2010, Benyamin Netanyahou avait discrètement convoqué un groupe d’experts de la cyberguerre afin d’élaborer les grandes lignes d’une politique nationale en la matière. Dirigé par l’ex-brigadier général Isaac Ben Israël, un ancien responsable des infrastructures technologiques du Ministère de la défense, cette structure connue sous le nom de «Centre cyber» est semblable au Bureau du contre-terrorisme chargé de conseiller le gouvernement dans ce domaine spécifique. Mais il a seulement commencé à fonctionner il y a quinze jours et personne ne s’attend à ce que ses recommandations soient appliquées avant deux ou trois ans.
D’ici là, les hackers du «Groupe cauchemar», qui promettent de multiplier leurs attaques et de les rendre de plus en plus élaborées, pourront donc s’en donner à cœur joie. D’autant que certaines entreprises israéliennes continuent de minimiser le danger.
Exemple parmi d’autres: peu avant la création du «Centre cyber», les services de sécurité israéliens ont pénétré sans aucune difficulté dans les systèmes de groupes économiques importants parmi lesquels plusieurs des banques attaquées lundi. A l’époque, les responsables israéliens voulaient les sensibiliser au danger et les inciter à prendre des mesures adéquates. Ils n’ont récolté que de belles promesses, car rien n’a jamais été fait, ce qui explique pourquoi les pirates de l’informatique hostiles à l’Etat hébreu obtiennent des résultats aussi spectaculaires.