Les rebelles tamouls ont attaqué mercredi trois bases militaires et une localité du nord-est du Sri Lanka, entraînant des combats qui ont fait officiellement 47 morts, ce dans le cadre de la sanglante bataille pour le contrôle d'un canal d'irrigation entamée il y a une semaine. Cette bataille, qui au cours des trois derniers jours a provoqué la mort d'au moins 118 personnes, rend plus que jamais théorique la trêve conclue en février 2002 entre le gouvernement sri lankais et les Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE). Un cessez-le-feu qui est officiellement toujours en vigueur.
Appel urgent de la Norvège
«La situation est la plus grave» jamais constatée depuis l'accord de cessez-le-feu, a estimé à Oslo le ministre norvégien de l'Aide au développement, Erik Solheim, médiateur dans ce conflit, qui a appelé «très fermement à immédiatement arrêter les opérations offensives». Les combats font rage depuis que l'armée a déclenché une offensive le 26 juillet pour prendre le contrôle du canal d'irrigation de Maavilaru, dans la région de Trincomalee, que les Tigres avaient bloqué, privant d'eau des milliers de paysans, selon les autorités.
Dans la nuit de mardi à mercredi, les LTTE ont ouvert un nouveau front en attaquant trois bases militaires et la localité sous contrôle gouvernemental de Muttur, approvisionnée en eau par le canal de Maavilaru situé à 10 km de là. A l'aube, l'armée a procédé à des bombardements aériens sur des positions situées en profondeur dans les zones contrôlées par les rebelles. Les militaires ont également répliqué à coups d'obus de mortier et de tirs d'artillerie.
Retrait des Suédois et des Danois
«Les soldats ont attaqué les terroristes en représailles, faisant de nombreuses victimes parmi eux, tuant plus de 40 cadres des Tigres et blessant 70 autres terroristes», a affirmé le Ministère de la défense dans un communiqué. Ce bilan ne pouvait être confirmé de source indépendante. Dans les rangs des forces gouvernementales, trois marins et deux soldats sont morts et 30 militaires ont été blessés, selon le ministère. La chute d'un obus sur l'hôpital de Muttur a également entraîné la mort de deux civils. Au moins 20 autres ont été blessés, selon des sources médicales.
Le site internet pro-rebelles tamilnet.com a pour sa part affirmé que quatre soldats avaient été tués et trois blessés sans donner de bilan sur les pertes dans les rangs des LTTE, qui luttent pour obtenir une large autonomie du nord-est du Sri Lanka, peuplé en majorité de Tamouls. Depuis le début de la reprise des hostilités, les rebelles accusent le gouvernement d'utiliser la question du canal comme prétexte pour une offensive d'envergure.
«Il y avait une nécessité humanitaire urgente de neutraliser les attaques de l'armée sri lankaise sur des cibles civiles», a déclaré le porte-parole militaire des LTTE, I. Ilanthirayan, cité par tamilnet.com. «Les opérations contre des bases de l'armée le long de la principale route d'approvisionnement de Muttur à Maavilaru étaient des actions essentiellement défensives», a-t-il poursuivi. Quant au canal de Maavilaru, ses alentours ont reçu mercredi des obus de mortier tirés par des rebelles contre les forces de sécurité qui n'ont toujours pas réussi à ouvrir l'écluse, car la zone est minée, selon l'armée.
La situation ne cessant de se dégrader, la Suède a annoncé mardi, après le Danemark et la Finlande, son retrait de la Mission de contrôle de la trêve au Sri Lanka (SLMM), cédant à une exigence des rebelles. Ces derniers avaient sommé les pays membres de l'Union européenne de quitter la mission après que l'UE eut inscrit fin mai les LTTE sur sa liste des organisations terroristes.
Le CICR réagit
Le Comité international de la Croix-Rouge n'est pas en reste pour tirer la sonnette d'alarme. Il se dit «gravement préoccupé par le fait que des civils sont blessés, tués et déplacés en raison de la recrudescence actuelle des combats». Le CICR demande d'ailleurs instamment aux parties au conflit de respecter leurs obligations en matière de droit international humanitaire, notamment en ce qui concerne la protection des civils.
Plus de 950 personnes ont été tuées dans ces violences depuis le mois de décembre, plus de 60000 depuis le début du conflit en 1972.