Le président ukrainien Viktor Iouchtchenko et le leader pro-russe Viktor Ianoukovitch se sont de nouveau rencontrés mercredi soir pour tenter de trouver une solution de dernière minute à la crise politique en Ukraine, selon une source au sein du Parti des Régions de l'ex-président élu déchu à l'issue de la Révolution orange. Il s'agit d'une rencontre en tête à tête entre les deux hommes, rivaux du temps de l'élection présidentielle de la fin 2004 qui a porté à la tête de l'Etat Viktor Iouchtchenko.
Ianoukovitch nommé au poste de premier ministre?
Le président du parlement, le socialiste Olexandre Moroz, s'est également rendu à la présidence à l'invitation du chef de l'Etat, a précisé peu après un député socialiste cité par le quotidien en ligne Ukraïnska Pravda. Les pourparlers devaient durer au moins jusqu'à minuit heure locale, a estimé ce député, Vassyl Tsouchko.
En fin d'après-midi, l'actuel président Iouchtchenko semblait pencher vers la dissolution du parlement, faute d'issue à la crise qui mine le pays depuis les dernières élections législatives du 26 mars 2006. Comme le scrutin n'avait permis à aucune formation de s'imposer, une table ronde destinée à définir les grandes lignes d'un accord entre pro-occidentaux et pro-russes avait été mise sur pied. En vain.
Avec ces discussions de dernière minute, la nomination de Viktor Ianoukovitch, leader de la majorité parlementaire pro-russe (Parti des Régions et Socialistes, soit 240 députés sur 450), au poste de premier ministre pourrait donc de nouveau être d'actualité. Une perspective qui serait de nature à réjouir Vladimir Poutine. Pour rappel, le chef du Kremlin avait ouvertement soutenu le candidat pro-russe lors de la présidentielle d'il y a deux ans, mais son appui n'avait pas suffi à résister à la vague protestataire de fond de la rue. Si Ianoukovitch devait être nommé à la tête du gouvernement, le président russe aurait de quoi savourer une belle revanche. D'autant que ce changement influerait négativement sur la volonté de l'actuel chef de l'Etat ukrainien de faire adhérer son pays à l'OTAN.
Confronté à une crise qui dure, Viktor Iouchtchenko doit aussi faire face aux très fortes pressions exercées par l'ex-égérie de la Révolution orange, Ioulia Timochenko, qui appelle de ses vœux une dissolution du parlement. Pour elle, une alliance avec les communo-oligarques pro-russes serait une trahison des intérêts nationaux.
Aux termes de la Constitution, Viktor Iouchtchenko devait théoriquement soumettre au plus tard ce mercredi 2 août au parlement la candidature de son rival au poste de premier ministre.