Les hôpitaux ne sont plus des sanctuaires. Plusieurs établissements médicaux ont été détruits par des frappes aériennes. Une situation inédite et qui se dégrade dangereusement selon Médecins sans frontières. 300 personnes ont manifesté mardi à Genève contre ces «attaques meurtrières» à l’appel de l’organisation non gouvernementale.

Un rassemblement qui intervient un mois après le bombardement de l’hôpital de Kunduz, en Afghanistan, qui a fait au moins 30 morts.


En Afghanistan, l’hôpital de Kunduz détruit par les Etats-Unis

Les bombes sont tombées dans la nuit du 3 au 4 octobre. L’hôpital de Kunduz, en Afghanistan, n’a pas résisté aux frappes aériennes menées par l’armée américaine. Selon un dernier bilan de MSF dévoilé le 25 octobre, 30 personnes seraient mortes dans cette attaque dont douze humanitaires. Mais «ce bilan n’est probablement pas définitif», précise Baikong Mamid, une porte-parole de MSF à Kaboul citée par l'AFP.

Les Etats-Unis ont reconnu une «erreur», puis Barack Obama a présenté ses excuses. Washington devrait verser des indemnités aux victimes du raid. Trois enquêtes ont été diligentées, une américaine, une afghane et une de l’OTAN. Mais MSF, qui dénonce un «crime de guerre», réclame une enquête indépendante pour faire la lumière sur ce bombardement.


Au Yémen, la coalition arabe pulvérise un centre de soins de MSF

L’attaque a eu lieu le lundi 26 octobre. Un petit hôpital tenu par Médecins sans frontières, dans la province de Saada, a été la cible d’une demi-douzaine de frappes de la coalition arabe. Le raid n’a fait qu’un seul blessé mais les conséquences sont dramatiques dans cette zone. 200 000 habitants du district de Haydan sont privés de soins par la destruction de cette infrastructure médicale. «Cette attaque est une nouvelle illustration du mépris total pour les civils au Yémen», s’insurge Hassan Boucenine, le chef de mission de l’ONG française au Yémen, dans un article du Monde. Il s’agit du 39ème centre de soins touché au Yémen depuis le début de l’offensive aérienne opérée par l’Arabie saoudite.


Des hôpitaux de fortune touchés en Syrie

Le territoire syrien n’est pas épargné par ces attaques aériennes sur des hôpitaux. Médecins sans frontières a tiré la sonnette d’alarme dans un communiqué publié le 29 octobre: «L’augmentation récente et significative du nombre de frappes aériennes sur les hôpitaux du Nord du pays aurait tué au moins 35 patients et travailleurs de santé syriens, et en aurait blessé 72 autres». Un lourd bilan auquel s’ajoutent les conséquences sur l’accès aux soins de la population locale.

«Au total, six hôpitaux ont été contraints de cesser leurs activités. Un seul a rouvert mais l’accès aux services d’urgences, de maternité, de pédiatrie et de soins primaires demeure gravement compromis dans ces zones», dénonce l’organisation non gouvernementale. Cette hausse des attaques coïncide avec le début de l’intervention russe dans la région. L’hôpital de Latamné, à Hama, a été frappé par un missile guidé, une technologie aux mains de l’armée russe. Face aux accusations, la Russie a convoqué mardi les attachés militaires occidentaux pour leur demander d’apporter des «preuves officielles ou de démentir».


D’autres régions du monde concernées par ces attaques

Les attaques contre les hôpitaux sont aussi légion dans d’autres régions du monde, notamment au Soudan du Sud et en Centrafrique. En avril 2014, des hommes armés ont fait irruption dans un centre de soins situé à 450 kilomètres de la capitale Bangui. 22 personnes sont mortes dans cette attaque dont trois collaborateurs de Médecins sans frontières. Les assaillants sont alors soupçonnés d’appartenir à l’ex-rébellion Séléka par la force africaine Misca.

Des incidents ont également eu lieu au Soudan du sud. Dans un communiqué, MSF appelle toutes les parties au conflit à «faire en sorte que tous les habitants du Soudan du Sud puissent se faire soigner sans craindre d’être pris pour cible».