L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a demandé à l’Iran de s’expliquer sur des expérimentations présumées impliquant un nouveau type d’ogive nucléaire, selon un dossier confidentiel cité par le Guardian vendredi.

Selon les documents de l’AIEA auxquels le quotidien britannique fait référence, des scientifiques iraniens auraient testé des ogives «à double implosion», une technologie avancée, classée secret-défense aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne.

Cette technologie sophistiquée, si elle est maîtrisée par les Iraniens, leur permettra de produire des ogives plus petites et plus simples à fabriquer que les modèles classiques.

Ce développement inattendu pour les Occidentaux accroît l’urgence de trouver une solution à la crise diplomatique sur le programme nucléaire iranien, dont Téhéran assure qu’il est exclusivement à visée civile, tandis que les Occidentaux soupçonnent des objectifs militaires, souligne le journal.

Les éléments sur ces expérimentations iraniennes sont contenus dans le dossier de l’AIEA intitulé «Possibles aspects militaires du programme nucléaire iranien», et proviennent de rapports des services de renseignements occidentaux.

Un conseiller gouvernemental européen sur le nucléaire, cité par le quotidien sous couvert d’anonymat, a estimé qu’il était «stupéfiant que l’Iran puisse travailler sur ce type d’engin».

L’AIEA a proposé le 21 octobre un accord aux termes duquel l’Iran ferait enrichir à l’étranger son uranium faiblement enrichi pour obtenir du combustible pour son réacteur de recherche de Téhéran, une proposition destinée à apaiser les inquiétudes sur le nucléaire iranien.

Téhéran n’a encore ni approuvé ni rejeté cette offre. Vendredi, le ministre des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki a déclaré vouloir fournir à l’AIEA des précisions supplémentaires liées à sa réponse à l’offre sur le combustible nucléaire: «Nous avons des propositions et des précisions à ajouter que nous n’avons pas encore annoncées (à l’AIEA)», a-t-il dit, cité par la télévision d’Etat. «Nous avons trois options: faire de l’enrichissement à 20% et produire le combustible en Iran même, l’acheter à l’étranger ou échanger de l’uranium enrichi à 3,5% pour obtenir du combustible enrichi à 20%.» Les puissances étrangères «doivent choisir entre ces différentes options (...) et mon point de vue personnel est qu’elles participeraient à un nouveau round de négociations.»

«La République islamique d’Iran examine toute idée et cette proposition (l’échange) a été également examinée», a-t-il ajouté. L’AIEA a proposé le 21 octobre un accord aux termes duquel l’Iran ferait enrichir à l’étranger son uranium faiblement enrichi pour obtenir du combustible pour son réacteur de recherche de Téhéran, une proposition destinée à apaiser les inquiétudes internationales sur le nucléaire iranien. Les trois autres négociateurs (Etats-Unis, Russie, France) de ce projet l’ont accepté. Mais Téhéran ne l’a encore ni approuvé ni rejeté et a proposé de nouvelles discussions sur le sujet.

Manouchehr Mottaki a par ailleurs vivement critiqué les déclarations de la France et de son chef de la diplomatie Bernard Kouchner sur le nucléaire. «Leurs déclarations et prises de positions auront pour conséquence de diminuer leur rôle», a-t-il estimé. Bernard Kouchner a exprimé son «inquiétude» sur la répression mercredi des manifestations à Téhéran et le dossier nucléaire, avertissant que les pourparlers entre les six grandes puissances et Téhéran pourraient être rompus. «Un gouvernement qui réprime chez lui et qui refuse le dialogue a l’extérieur, ce n’est pas de bon augure», a-t-il indiqué. «Nous sommes habitués aux déclarations superficielles et peu informées de M. Kouchner (...) et nous pensons que ce genre de déclarations irréalistes portent avant tout atteinte aux intérêts des Français», a dit Manouchehr Mottaki, cité par Fars. «Pour que M. Kouchner ait une vision plus précise des problèmes intérieurs français, je lui conseille de se rendre de temps en temps dans la banlieue parisienne pour se rendre compte de la violation des droits de l’Homme», a-t-il conclut sans autre précision.