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La Thaïlande entend être le leader régional contre la grippe aviaire

Bangkok accueille jusqu'à jeudi un sommet régional asiatique qui examinera les risques de propagation de la maladie. Le royaume veut venir en aide à ses voisins plus pauvres.

Fort de son réseau de surveillance sanitaire, la Thaïlande souhaite se positionner comme pays de référence et coordonnateur en Asie du Sud-Est continentale pour la lutte contre la grippe aviaire. Ce thème va dominer les discussions lors du sommet entre cinq chefs de gouvernement de la région (Thaïlande, Birmanie, Laos, Cambodge et Vietnam) qui se tient à Bangkok ces mercredi et jeudi.

Seul pays développé de cette zone, qui constitue l'épicentre de l'épidémie, et hautement vulnérable en cas de propagation non contrôlée dans un pays frontalier, Bangkok voit son intérêt à assister matériellement et financièrement ses voisins plus pauvres. De surcroît, cela cadre parfaitement avec la volonté du premier ministre thaïlandais, Thaksin Shinawatra, de faire de la Thaïlande un pays donateur et non plus un simple récipiendaire. C'est pour cette raison qu'il avait refusé l'assistance financière après le tsunami du 26 décembre.

Cela ne signifie pas que la Thaïlande ait trouvé la parade face à la maladie. La multiplication de foyers d'infection animale dans le royaume ces dernières semaines (neuf provinces sur 76 sont touchées) et l'apparition de nouveaux cas humains - le dernier en date, annoncé lundi, étant une femme de 50 ans vivant dans la banlieue proche de Bangkok - témoignent de failles dans le dispositif. Des experts affirment que les transports illégaux de volailles, notamment de coqs de combat, constituent un facteur majeur dans la propagation du virus H5N1 entre les provinces. Mais avec son système hospitalier, son million de volontaires sanitaires et ses experts médicaux et pharmacologues, Bangkok dispose de moyens que n'ont pas ses voisins.

Le Laos, le Cambodge et la Birmanie constituent de fait une zone d'ombre en ce qui concerne la grippe aviaire. «Les Birmans ont fait quelques études de terrain sur la maladie. Nous les encourageons à donner leurs échantillons à des laboratoires internationaux. Ils ont promis de le faire», indique Wantanee Kaltrewidh, coordinatrice régionale sur la grippe aviaire pour l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO).

La Birmanie ne dispose pas de kits permettant de déceler la grippe aviaire dans les poulets. Elle doit utiliser des kits concernant d'autres maladies, comme celle de Newcastle, pour récolter des indices.

La situation au Laos et, dans une moindre mesure, au Cambodge est aussi très mal connue. «Les services vétérinaires sont dans un très mauvais état, particulièrement au Laos. Je ne suis pas sûr qu'ils aient les capacités de laboratoire», estime Patrick Deboyser, l'expert de l'Union européenne sur la grippe aviaire pour la région.

La FAO essaie de mobiliser des fonds pour combler ces carences. Mais la Thaïlande ne souhaite pas attendre. Elle épaule déjà le Cambodge et le Laos dans un cadre bilatéral. Pour Bangkok et son dynamique premier ministre Thaksin, c'est une occasion de réaffirmer son ambition de leader régional qui a laissé, jusqu'à présent, sceptiques les pays de l'Asie du Sud-Est insulaire, de culture malaise.