Le convoyeur de fonds Toni Musulin, célèbre pour avoir détourné fin 2009 en France, sans arme ni violence, son propre fourgon chargé de plus de 11 millions d’euros, a été condamné mardi à trois ans de prison ferme mardi à Lyon (centre-est).

Ce jugement a été accueilli avec satisfaction par la défense du célèbre convoyeur qui a salué un «jugement équilibré» alors que le parquet réservait sa décision sur un éventuel appel. «Le tribunal a pris la parfaite mesure de ce dossier. Ce fut un vrai procès. Au regard du déchaînement médiatique, le tribunal a su rester serein», s’est félicité Me Hervé Banbanaste.

Dépassé ou calculateur?

«On me dit que je suis Robin des Bois, mais non, je suis normal», avait protesté d’une voix bougonne Toni Musulin, réaffirmant qu’il n’avait pas emporté les 2,5 millions d’euros provenant du butin et qui n’ont jamais été retrouvés.

Brossant le portrait d’un homme «calculateur» et «parfois cynique», le parquet a réclamé la peine maximale de cinq ans de prison ferme. «Cinq ans, ça correspond tout à fait au trouble à l’ordre public qui est causé par Toni Musulin», a estimé le substitut du procureur, Nicolas Hennebelle.

Pour le magistrat, l’un des enjeux du procès était de savoir si le convoyeur avait «agi sur un coup de tête», par rancune envers son employeur, la société suédoise Loomis. Mais «ce n’est pas un Arsène Lupin, ce n’est pas un Robin des Bois c’est quelqu’un qui a fait son calcul: +allez, un an de prison, deux ans, trois ans, moins les réductions de peine, et après je pars et je profite des 2,5 millions d’euros+», a-t-il dit, écartant l’hypothèse d’un sursis avec mise à l’épreuve.

«Moi, je n’ai pas pris l’argent, c’est pas moi qui ai l’argent», a assuré le prévenu, alors que les enquêteurs n’ont retrouvé que 9,1 millions d’euros dans un box loué par Musulin à Lyon.

Le passage à l’acte d’un employé en colère

Interrogé sur les raisons de son passage à l’acte, Musulin, le visage las encadré d’une barbe poivre et sel, loin de l’image du braqueur bravache qui a fait fantasmer certains internautes, a répliqué : «J’avais décidé de le faire, je ne pouvais plus reculer». Le convoyeur a expliqué qu’il n’avait pu charger la totalité de l’argent prélevé à la Banque de France dans le véhicule loué en prévision du vol, laissant entendre que d’autres personnes avaient pu emporter les billets manquants.

Auparavant il a expliqué comment il avait déchargé le fourgon: «Cela arrêtait pas de tomber, ils glissaient. C’était la galère», a-t-il dit. «Si je pensais qu’ils allaient trouver le butin, je l’aurais pas fait. J’avais un peu les boules» en apprenant que le box avait été découvert, a grommelé Musulin, avant de faire le récit de ses 11 jours de cavale à moto et en train en Italie. Quant à sa reddition à la police de Monaco, le 16 novembre 2009, il assure qu’il «n’avait pas le choix», car il «n’avait plus trop d’argent».

Le procès a tourné dans la matinée au procès de Loomis, accusé de privilégier la «rentabilité au détriment de la sécurité».

«Musulin tente de se faire passer pour un salarié en souffrance qui aurait agi par désespoir», mais «il avait scrupuleusement préparé son coup», a plaidé en fin de journée l’avocate de Loomis, Me Claudia Chemarin.

«Certains ont la tentation des belles voitures, des femmes. Musulin a eu la promesse d’une vie meilleure, il s’est planté (...) Il a été complètement dépassé par les évènements», a plaidé quant à lui Me Hervé Banbanaste.