De source antiterroriste, l'un des cadavres, avec une ceinture d'explosifs, est probablement celui de l'autre cerveau des attentats du 11 mars Jamal Ahmidan, dit Mowgli ou le Chinois en raison de ses yeux bridés. Un cinquième suspect pourrait encore se trouver sous les décombres même s'il aurait également pu prendre la fuite avant l'explosion.
«C'étaient des gens polis. Comment voulez-vous qu'on se doute de quelque chose, c'est un quartier d'intégration, ici. Il y a beaucoup d'immigrants, de travailleurs, ils ne sont pas tous terroristes», raconte à la télévision l'un des concierges de l'immeuble de Leganes.
Les premiers constats autour de l'immeuble sont clairs: les suspects possédaient de l'explosif Goma 2 ECO et des détonateurs similaires à ceux du 11 mars et à ceux de la tentative d'attentat contre le train Madrid-Séville, vendredi. Ce qui fait dire au ministre de l'Intérieur, Angel Acebes, que l'opération de samedi soir «a sûrement évité d'autres attentats, les terroristes avaient prévu et avaient tous les moyens d'en perpétrer d'autres. Il y avait des paquets déjà prêts à l'emploi. Les principaux auteurs de ces actions terroristes sont en prison ou sont morts dans le suicide collectif d'hier.» Quinze personnes sont actuellement sous les verrous pour leur participation dans les attentats.
Toutefois, la forte explosion ne fait pas l'affaire des enquêteurs. La destruction de l'appartement va empêcher les policiers de récolter de la documentation, des empreintes digitales et d'autres précieux renseignements qui auraient pu se trouver dans la planque et ont été détruits ou endommagés.
L'enquête se dirige désormais vers les suspects en fuite, les Marocains Saïd Berraj, Mohammed et Rachid Oulad Akcha, les trois fugitifs encore vivants qui font l'objet d'un mandat d'arrêt international, ainsi que «sur certains collaborateurs et sur leurs connexions internationales ou avec des groupes terroristes», a précisé Angel Acebes.
Les médias ont révélé que les terroristes avaient été repérés lorsqu'ils avaient utilisé des cartes de téléphone prépayées (sans doute les cartes de téléphone achetées par le magasin Nuevo Siglo de Jamal Zougam, l'un des auteurs présumés des attentats actuellement en prison) pour faire usage de portables. Les personnes en fuite vont sans doute changer leur mode de fonctionnement.
Il reste aussi à savoir s'ils bénéficient d'autres planques prêtes à être utilisées. L'appartement de Leganes avait été loué en février, mais les suspects ne l'avaient occupé qu'après les attentats du 11 mars, comprenant certainement que la maison près de Chinchon qui avait servi à commettre les attentats serait découverte.