Publicité

Traqué, le «cerveau» présumé des attentats du 11 mars s'est fait exploser à Madrid

Les premiers constats des enquêteurs, dans l'immeuble ravagé par l'explosion, confirment la mort de l'homme le plus recherché du pays. La force de l'explosion rend cependant plus difficile la recherche de nouveaux indices qui permettraient de retrouver d'autres suspects, toujours en fuite

Vingt-quatre heures après l'explosion suicidaire qui a coûté la vie aux principaux auteurs des attentats du 11 mars, ainsi qu'à un policier, le quartier nord de la banlieue sud de Leganes ne vit qu'au rythme des venues incessantes de policiers et des pompiers au pied de l'immeuble. Partie d'un pâté de maisons contenant 112 appartements, l'édifice a été partiellement détruit par la déflagration qui a soufflé murs et fenêtres. Dimanche matin, les enquêteurs tentaient de trouver des indices dans les débris de l'appartement, les tonnes de gravats projetés dans la cour intérieure, le terrain de paddel (tennis/squash) et la piscine collective.

Cinq cadavres auraient été découverts. Selon le ministre de l'Intérieur, Angel Acebes, trois sont d'ores et déjà identifiés. Il s'agit des corps de Serhane ben Abdelmajid Fakhet, connu comme le «Tunisien» et considéré comme le cerveau des attentats du 11 mars, il était l'homme le plus recherché d'Espagne depuis que, mercredi, le juge, Juan Del Olmo, chargé de l'instruction, avait délivré six mandats d'arrêt internationaux. Parmi les morts de samedi, figurent également le Marocain Abdennabi Kounjaa, alias Abdallah et le Marocain Asri Rifat Anouar, que la police soupçonnait depuis quelques semaines déjà, mais qui n'était pas encore officiellement visé par l'enquête.

De source antiterroriste, l'un des cadavres, avec une ceinture d'explosifs, est probablement celui de l'autre cerveau des attentats du 11 mars Jamal Ahmidan, dit Mowgli ou le Chinois en raison de ses yeux bridés. Un cinquième suspect pourrait encore se trouver sous les décombres même s'il aurait également pu prendre la fuite avant l'explosion.

«C'étaient des gens polis. Comment voulez-vous qu'on se doute de quelque chose, c'est un quartier d'intégration, ici. Il y a beaucoup d'immigrants, de travailleurs, ils ne sont pas tous terroristes», raconte à la télévision l'un des concierges de l'immeuble de Leganes.

Les premiers constats autour de l'immeuble sont clairs: les suspects possédaient de l'explosif Goma 2 ECO et des détonateurs similaires à ceux du 11 mars et à ceux de la tentative d'attentat contre le train Madrid-Séville, vendredi. Ce qui fait dire au ministre de l'Intérieur, Angel Acebes, que l'opération de samedi soir «a sûrement évité d'autres attentats, les terroristes avaient prévu et avaient tous les moyens d'en perpétrer d'autres. Il y avait des paquets déjà prêts à l'emploi. Les principaux auteurs de ces actions terroristes sont en prison ou sont morts dans le suicide collectif d'hier.» Quinze personnes sont actuellement sous les verrous pour leur participation dans les attentats.

Toutefois, la forte explosion ne fait pas l'affaire des enquêteurs. La destruction de l'appartement va empêcher les policiers de récolter de la documentation, des empreintes digitales et d'autres précieux renseignements qui auraient pu se trouver dans la planque et ont été détruits ou endommagés.

L'enquête se dirige désormais vers les suspects en fuite, les Marocains Saïd Berraj, Mohammed et Rachid Oulad Akcha, les trois fugitifs encore vivants qui font l'objet d'un mandat d'arrêt international, ainsi que «sur certains collaborateurs et sur leurs connexions internationales ou avec des groupes terroristes», a précisé Angel Acebes.

Les médias ont révélé que les terroristes avaient été repérés lorsqu'ils avaient utilisé des cartes de téléphone prépayées (sans doute les cartes de téléphone achetées par le magasin Nuevo Siglo de Jamal Zougam, l'un des auteurs présumés des attentats actuellement en prison) pour faire usage de portables. Les personnes en fuite vont sans doute changer leur mode de fonctionnement.

Il reste aussi à savoir s'ils bénéficient d'autres planques prêtes à être utilisées. L'appartement de Leganes avait été loué en février, mais les suspects ne l'avaient occupé qu'après les attentats du 11 mars, comprenant certainement que la maison près de Chinchon qui avait servi à commettre les attentats serait découverte.