Trump, Macron, Daech, et un QG de l'OTAN à un milliard d'euros
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La lutte contre Daech sera le sujet principal du sommet de l'OTAN, ce jeudi à Bruxelles. Donald Trump et Emmanuel Macron se rencontreront avant de rejoindre le nouveau quartier général de l'alliance, qui a couté plus d'un milliard d'euros

Aucun restaurant de la capitale belge n'aura l'honneur d'accueillir les présidents américains et français pour leur première rencontre ce jeudi. C'est dans les murs de l'ambassade américaine à Bruxelles, à l'invitation de Donald Trump, qu'Emmanuel Macron sera reçu ce jeudi pour un déjeuner «d'environ une heure quinze».
Les deux chefs d'Etat, aux personnalités si différentes, échangeront en tête à tête autour d'un repas dont le menu n'a pas été communiqué. Ils rejoindront ensuite le sommet de l'OTAN, qui démarrera par l'inauguration du nouveau quartier général de l'Alliance Atlantique dont la construction, pas encore tout à fait achevée, aura couté plus d'un milliard d'euros à ses 28 pays membres. Ce nouveau QG, formé de huit ailes censées figurer des doigts entremêlés, abritera à partir de décembre les 4500 fonctionnaires de l'organisation dont le commandement militaire – le SHAPE, toujours dirigé par un général américain – se trouve à Mons, en Belgique, près de la frontière française.
Donald Trump consacre sa matinée à l'UE
Arrivé mercredi soir à Bruxelles en provenance du Vatican, Donald Trump y a rencontré le Roi des belges, puis le premier ministre de Belgique Charles Michel. Sa matinée de jeudi est consacrée à l'Union européenne, lors d'une rencontre à plusieurs voix dans le nouveau bâtiment du Conseil – représentant les 27 pays membres – avec son président Donald Tusk, celui de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, le président du parlement européen Antonio Tajani, et la Haute représentante pour les relations extérieures Fédérica Mogherini.
La Suisse, membre du partenariat pour la paix qui regroupe 22 pays autour de l'Otan (les pays neutres comme l'Autriche, l'Irlande ou la Suède; mais aussi l'Ukraine, la Russie et le Kazakhstan), n'a pas été conviée à ce sommet de l'Alliance atlantique fondée en 1949 autour des Etats-Unis.
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La question de la lutte contre le terrorisme, sujet principal du sommet redevenu cruellement d'actualité après l'attentat-suicide de Manchester, sera toutefois suivie de près à Berne. Deux mesures phares seront annoncées à l'issue des discussions, qui s'achèveront par un diner officiel des 28 chefs d'Etat ou de gouvernement: l'implication aérienne des forces de l'OTAN dans la coalition internationale anti-Daech – mise à disposition de moyens pour la surveillance aérienne et le ravitaillement en vol –, et la création d'une cellule de coordination anti-terroriste au sein de l'Alliance.
Le discours à l'organisation «obsolète»
Le moment clef de cette réunion devrait être le bref discours de Donald Trump, lors duquel le président américain confirmera son soutien à la plus puissante organisation militaire au monde, qu'il avait pourtant pilonné lors de sa campagne, la jugeant à plusieurs reprises «obsolète». Comme sur d'autres sujets, ce dernier a depuis fait volte face, tout en exigeant que les 28 pays alliés augmentent leur budget consacré à la défense pour atteindre 2% du PIB, comme ils s'y sont engagés. Emmanuel Macron, en visite la semaine dernière auprès des troupes françaises déployées au Mali, devrait d'ailleurs confirmer ce chiffre lors de son repas avec le locataire de la Maison-Blanche.
L'OTAN rejoint la coalition anti-Daech
Le fait que l'Otan rejoigne la coalition anti-Daech confirme la posture redevenue offensive d'une alliance conçue pour lutter contre la Russie, et profondément troublée par deux de ses interventions militaires récentes: celle menée en Afghanistan après les attentats du 11 septembre 2001 (l'OTAN y avait le commandement de la Force internationale d'assistance, remplacée depuis 2015 par la mission d'entrainement Resolute Support), et celle conduite en Libye en 2011, dont l'Alliance a assuré le commandement des forces aériennes et maritimes à partir de son QG méditerranéen de Naples. Le secrétaire général de l'OTAN, le norvégien Jens Stoltenberg, a en revanche confirmé qu'il n'y aurait pas de forces de l'Alliance déployées au sol sur les théâtres d'opérations irakien et syrien.
Le cas de la Russie et de la guerre qui se poursuit en Ukraine ne figure pas à l'agenda de ce sommet. Il sera évoqué les jours suivants lors du sommet du G7 à Taormine, en Sicile, où se rendent dans la foulée les dirigeants de la France, des Etats-Unis, du Canada, du Royaume Uni, de l'Italie et de l'Allemagne, rejoints par le premier ministre Japonais. Cette rencontre multilatérale sera la première sortie internationale commune pour Emmanuel Macron, Donald Trump et la cheffe du gouvernement britannique Theresa May. Le sommet du G20 aura ensuite lieu à Hambourg, les 7 et 8 juillet.
Une opinion: L’OTAN menace notre sécurité