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Tsahal a lancé son opération «Giboulées d'automne» sur Gaza

Au moins dix Palestiniens et un soldat israélien ont été tués. Le président palestinien Mahmoud Abbas dénonce «un massacre».

Opération «Giboulées d'automne». C'est ainsi que l'état-major de Tsahal (l'armée israélienne) a baptisé l'offensive de grande ampleur lancée mercredi matin dans le nord de la bande de Gaza. Officiellement, les chars et les unités de commando soutenus par des hélicoptères de combat ont pour mission de «nettoyer» le nord du territoire palestinien - surtout la ville de Beit Hanoun - des groupes de lanceurs de roquettes Qassam qui bombardent quotidiennement la petite ville israélienne de Sderot. Mais ils doivent également tester les nouvelles techniques de combat des milices palestiniennes afin de préparer d'autres opérations, plus massives celles-là.

Au terme de dix heures de combat, dix Palestiniens, dont plusieurs civils, ont été tués, et plus de cinquante autres blessés. Un soldat de Tsahal a également perdu la vie. Deux civils israéliens ont été blessés par des éclats des roquettes qui se sont abattues sur le centre de Sderot ainsi que dans la banlieue d'Ashkelon.

Mercredi matin, le cabinet israélien de la sécurité a en tout cas décidé «d'accentuer la pression sur le Hamas» et de «poursuivre les activités militaires empêchant les organisations terroristes de se renforcer». Ce qui signifie que d'autres incursions de type «giboulées d'automne» seront lancées partout dans la bande de Gaza et à un rythme soutenu.

«Comme les Russes en Tchétchénie»

Durant les débats, Avigdor Lieberman, le nouveau ministre d'extrême droite «chargé des menaces stratégiques», a exigé qu'Israël «opère à Gaza comme les Russes en Tchétchénie». Quant à son collègue Elie Ychaï (Commerce et Industries), il a demandé la reconquête du «couloir Philadelphie», une bande de terre de quatorze kilomètres de long séparant Gaza de l'Egypte et sous laquelle ont été creusés les tunnels de contrebande permettant aux milices palestiniennes de s'armer.

Alors que le président palestinien Mahmoud Abbas dénonçait les «massacres perpétrés par Israël», son premier ministre, Ismaïl Haniyeh (Hamas), estimait que l'offensive de Tsahal «influencera négativement les négociations» en vue de l'échange de Gilad Shalit (le caporal de Tsahal enlevé le 25 juin dernier) contre des Palestiniens détenus par l'Etat hébreu.

Pourtant, les habitants de Gaza n'ont pas été surpris par l'opération de Tsahal puisque la presse de l'Etat hébreu tente depuis plus d'un mois de convaincre ses lecteurs du caractère «inévitable» de l'offensive. Ces dernières semaines, multipliant les «révélations», les grands quotidiens populaires ont ainsi annoncé que le Hamas «dispose de milliers de missiles antichar livrés par le Hezbollah», que «des dizaines de tonnes d'explosifs sont entrées clandestinement dans Gaza grâce aux tunnels», et que «des centaines de terroristes formés en Syrie et en Iran sont venus renforcer le Hamas». Quelques heures avant le déclenchement de «Giboulées d'automne», plusieurs chroniqueurs militaires ont également prétendu que l'organisation islamiste aurait «formé sa première division forte de dix mille hommes».

Seule voix divergente dans ce concert, celle du député progressiste Yossi Beilin (Meretz) pour lequel «tout cela n'est que de la gesticulation. Tsahal a déjà lancé des dizaines d'opérations semblables et elles n'ont jamais empêché quoi que ce soit.» Et d'ajouter: «Même si notre ministre de la Défense, Amir Peretz, promet qu'Israël ne veut pas reconquérir Gaza, je crains que l'arrivée de Lieberman au gouvernement ne nous plonge dans une période de chaos.»