Il y a six ans, Didem* tombe enceinte sans l’avoir voulu. Elle a 24 ans, elle est avocate au barreau d’Istanbul et s’apprête à passer le concours de la magistrature. Elle choisit d’avorter. Didem connaît ses droits. Mais elle comprend rapidement qu’il sera difficile d’en faire usage et que cette IVG va lui coûter cher. «J’ai voulu faire ça gratuitement dans un hôpital public, commence-t-elle. J’en ai parlé à des amis médecins, qui m’ont tous dit de me tourner directement vers le privé car aucun hôpital public d’Istanbul ne pratiquait l’avortement. Ça m’a coûté 1200 livres, la moitié de mon salaire de l’époque.» Sur le papier, la loi turque est pourtant claire. Depuis 1983, l’IVG est légale et toute femme peut la demander sans avoir à se justifier jusqu’à dix semaines de grossesse. En théorie, toujours, la femme a le choix: hôpital public, hôpital privé ou cabinet privé, du moment que c’est pratiqué par un médecin spécialisé.