Egypte
L'avion s'est «disloqué» dans les airs

L’avion charter russe qui s’est écrasé samedi dans le Sinaï avec 224 personnes à bord s’est disloqué à haute altitude avant de toucher le sol, ont indiqué des responsables russes du transport aérien. «La dislocation a eu lieu dans les airs et les fragments se sont éparpillés sur une grande surface d’environ 20 kilomètres carrés», a déclaré au Caire Viktor Sorotchenko, directeur du Comité intergouvernemental d’aviation (MAK), précisant qu’il était «trop tôt pour parler de quelconques conclusions».
Le vol 9268 à destination de Saint-Pétersbourg avait décollé de la station balnéaire de la Mer Rouge de Charm El-Cheikh depuis vingt-trois minutes lorsque le contact a été perdu. L’avion a disparu alors qu’il volait à une altitude de plus de 30 000 pieds (9 144 mètres).
«L’hypothèse d’un attentat et celle d’un accident restent ouvertes. On ne peut pas conclure», estime Jean-Paul Troadec, ancien directeur du BEA (Bureau d’Enquêtes et d’Analyses pour la sécurité de l’Aviation civile), interrogé par l’AFP. «C’est l’examen des débris, complété par celui des enregistreurs de vol, qui permettra rapidement d’établir laquelle des hypothèses est la plus plausible, de l’attentat ou de l’accident.» Le gouvernement égyptien a annoncé samedi que les boîtes noires avaient été retrouvées.
L’année dernière, Ansar Beit Al-Makdis («les partisans de Jérusalem»), groupe djihadiste actif dans la région, s’était rallié à l’organisation Etat islamique (EI) et se fait appeler depuis lors «Province du Sinaï». L’avion s’est écrasé au cœur de son territoire. Sur l’un de ses canaux officiels sur Twitter, l’EI a affirmé «avoir provoqué» le crash, sans autre explication mais en assurant avoir agi en représailles à l’intervention russe en Syrie.
«Il faut laisser les enquêteurs examiner l’épave sur le site. S’il y a attentat, cela pourra se déduire de la dispersion de l’épave, mais aussi et surtout des débris: s’il y a des traces d’explosifs, et si la carcasse de l’avion a été ouverte, cela pourra démontrer l’existence éventuelle d’une bombe», précise Jean-Paul Troadec. Selon lui, un «problème technique» ne peut pas être exclu, même s’il ajoute: «Une explosion en vol de l’avion qui soit liée à une cause interne est quand même très peu probable.»
L’altitude à laquelle le contact a été perdu rend pratiquement impossible l’hypothèse que l’appareil ait pu être touché par une roquette ou un missile de l’Etat islamique. Mais l’avion peut avoir explosé en vol, soit en raison d’un kamikaze, soit d’une bombe à bord, estiment les experts. Les gouvernements égyptien et russe avaient rapidement contesté la revendication par la branche locale de l’EI. Les Egyptiens «ne disposent d’aucune information qui confirmerait de telles insinuations», selon le ministre russe des Transports. Cependant, l’organisation djihadiste compte dans ses rangs de nombreux combattants provenant de Russie. Il n’est pas impossible que l’un d’eux ait été au nombre des passagers au départ de Charm El-Cheikh.