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Un groupe djihadiste pakistanais revendique l'attentat anti chiites

L’attentat qui a fait 24 morts vendredi lors d’une procession chiite dans le sud du pays a été revendiqué par le Lashkar-e-Jhangvi (LEJ), groupe islamiste armé pakistanais

Des musulmans chiites se rassemblent autour des corps des victimes tuées par un attentat à la bombe jeudi dans une ville isolée du sud-ouest du Pakistan. — © (Fida Hussain/AFP Photo)
Des musulmans chiites se rassemblent autour des corps des victimes tuées par un attentat à la bombe jeudi dans une ville isolée du sud-ouest du Pakistan. — © (Fida Hussain/AFP Photo)

Un important groupe islamiste armé pakistanais, le Lashkar-e-Jhangvi (LEJ), a revendiqué l’attentat qui a fait 24 morts, dont six enfants, en marge d’une procession de musulmans chiites vendredi dans le sud du pays, a affirmé samedi un responsable local.

Selon Suhail Anwer Siyal, ministre de l’Intérieur de la province du Sind, cette organisation djihadiste impliquée dans de nombreux attentats contre les chiites ces dernières années aurait reconnu sa responsabilité dans cet attentat à Jacobabad, devant la résidence d’un responsable chiite local juste avant une procession religieuse. «Selon les premiers éléments dont je dispose, Lashkar-e-Jhangvi a revendiqué cet attentat», a déclaré Suhail Anwer Siyal devant la presse à Karachi, capitale de la province. Les empreintes des kamikazes présumés étaient en cours d’analyse, a-t-il précisé.

Cette attaque a confirmé la persistance des menaces extrémistes pesant sur les minorités, notamment les chiites (20% de la population en majorité sunnite), à nouveau meurtris pendant les célébrations de leur mois saint de Muharram.

Son bilan est monté à 24 morts, plusieurs blessés ayant succombé à leurs blessures dans la nuit, a déclaré samedi Jam Mehtab Dahar, ministre de la Santé de la province. Deux des 28 autres blessés sont toujours dans un état critique, a-t-il ajouté. Le précédent bilan, donné vendredi soir, avait fait état de 16 morts, dont six enfants âgés de 6 à 15 ans.

Sur place, les témoins ont raconté la panique qui s’est emparée de la foule après l’explosion, des fidèles courant dans tous les sens, souvent en larmes et couverts de sang.

À l’occasion des célébrations de Muharram, qui culminaient vendredi au Pakistan, le gouvernement et l’armée avaient annoncé avoir déployé 10 000 soldats et 6 000 paramilitaires pour prévenir de telles attaques interconfessionnelles, régulières dans le pays.

L’attaque de Jacobabad était le deuxième attentat anti chiite recensé depuis le début de Muharram, après celui de la veille dans une mosquée du Baloutchistan (sud-ouest), qui a fait au moins 11 morts, dont six enfants, et une douzaine de blessés.

Malik Ishaq, le chef de Lashkar-e-Jhangvi, ainsi que 13 autres cadres de ce mouvement, le plus violent et férocement anti-chiite au Pakistan, a été tué en juillet. Mais le groupe, responsable d’attaques parmi les plus sanglantes dans le pays, reste actif, affirment les analystes. Les groupes extrémistes sunnites, inspirés par l’idéologie d’Al-Qaïda ou de l’État islamique, considèrent les chiites comme des infidèles incarnant un courant «déviant» par rapport à une supposée orthodoxie musulmane.