Des mandats d’arrêt ont été émis mardi contre l’ex-Premier ministre thaïlandais en exil Thaksin Shinawatra et douze de ses partisans en rapport avec les désordres en Thaïlande, selon la police.

Les derniers manifestants antigouvernementaux, cernés par l’armée près du siège du pouvoir à Bangkok, se sont dispersés mardi sur ordre de leurs dirigeants qui seront arrêtés et poursuivis en justice pour avoir défié l’état d’urgence imposé par les autorités, selon la police.

La dispersion du rassemblement entamé le 26 mars, a mis fin à deux jours de violence et d’anarchie, qui ont fait au moins 2 morts et 113 blessés dans la capitale, selon les services de secours.

Plus de 2000 manifestants, selon un porte-parole militaire, étaient restés massés dans la nuit près du siège du gouvernement, encerclés par des centaines de soldats armés et des blindés. Après en avoir discuté entre eux, les leaders des protestataires ont décidé de sonner la dispersion.

«Nous ne nous rendons pas, nous dispersons seulement le rassemblement car nous n’avons rien fait de mal, a déclaré une dirigeante des manifestants, Prateep Ungsongtham Hata. La raison pour laquelle nous avons décidé de nous disperser est liée au fait que nous voulons éviter la moindre perte en vies humaines.»

Certains, démoralisés, ont ôté leurs chemises rouges, symbole des partisans de l’ex-Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra alors que d’autres affirmaient que leur campagne pour obtenir la démission du Premier ministre Abhisit Vejjajiva et des élections anticipées allait se poursuivre.

«Nous rentrons chez nous parce que la manifestation est finie, mais nous n’avons pas terminé notre lutte pour la démocratie. Le mouvement se poursuit», a affirmé Nattawut Saikuar, lieutenant de Thaksin Shinawatra.

Leaders poursuivis en justice

La police et l’armée ont promis l’impunité aux manifestants n’ayant pas pris part aux violences de dimanche et lundi. Les opposants ont regagné leurs foyers, principalement dans les régions pauvres du nord de la Thaïlande, à bord de dizaines d’autobus affrétés par les autorités.

En revanche, le chef de la police nationale, Patcharawat Wongsuwan, a annoncé que les leaders du mouvement seraient arrêtés et traduits en justice pour avoir défié l’état d’urgence décrété dimanche par le Premier ministre à Bangkok et dans sa région. Des mandats d’arrêt vont être émis pour «rassemblement illégal de plus de cinq personnes», une action interdite en vertu de l’état d’urgence.

Le porte-parole de l’armée, le colonel Sunsern Kaewkumnerd, a indiqué que les troupes avaient mis fin lundi à des manifestations dans trois provinces thaïlandaises où des protestataires avaient pris le contrôle d’une station de télévision et d’une gare.

Lundi à Bangkok, les manifestants avaient dressé des barricades, incendié des autobus et s’étaient battus à coups de cocktails molotov et de pavés avec des militaires qui avaient riposté par de puissants tirs de sommation à l’arme automatique.

Pas de négociations

Contrairement à ce qu’elle avait fait lors des manifestations d’opposants royalistes qui avaient précipité fin 2008 la chute d’un gouvernement pro-Thaksin, l’armée n’est pas restée passive. Et, lors de plusieurs interventions à la télévision, Abhisit Vejjajiva est apparu à l’écran, entouré des principaux responsables de l’armée.

Il a exclu de négocier avec son prédécesseur Thaksin et ajouté qu’il s’agissait d’un quitte-ou-double en ce qui concerne le maintien de l’Etat de droit dans le pays. «Je comprends les soucis de certaines personnes qui se sont jointes aux manifestants en termes de développement démocratique, a-t-il dit. En particulier, si elles ne sont pas satisfaites avec la constitution actuelle, si elles pensent qu’il y a des injustices dans le système, je suis heureux de m’atteler à les corriger.» Mais il a ajouté que la dissolution du parlement et la convocation d’élections pourraient créer de l’instabilité.

Abhisit Vejjaviva, qui est arrivé au pouvoir au début de l’année sans élections, suite à une série de troubles, est critiqué par une partie de la population pour son manque de légitimité démocratique.