Ce vendredi à New York, le patron d'OCHA, le Néerlandais Jan Egeland, doit présenter devant le Conseil de sécurité de l'ONU un exposé sur le Darfour. Rien n'indique qu'il reprendra à son compte la qualification de «nettoyage ethnique», pourtant employée par le représentant de l'ONU à Khartoum, Mukesh Kapila, ainsi que par le groupe d'experts qui, avec Jean Ziegler, ont rédigé un rapport sur la province.
Groupes cibles
Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, parle pour sa part de «violations contre des groupes ciblés». Car le débat sur cette question fait rage actuellement dans les instances onusiennes et dans les chancelleries. «La prudence de certains s'explique par leur processus de paix actuellement en cours dans le pays, analyse Daniel Augsburger: celui entre Khartoum et le SPLA, et celui de N'Djamena», qui en est à ses débuts. Les représentants de Khartoum et les groupes rebelles du Mouvement de libération du Soudan (MLS) et du Mouvement pour la justice et l'égalité (MJE) ont en effet commencé à dialoguer ces derniers jours dans la capitale tchadienne. «Dans ce contexte, personne ne veut prendre le risque de faire capoter ces processus fragiles en utilisant une terminologie qui pourrait braquer l'une ou l'autre partie. Mais quel serait le sens de déployer des casques bleus entre le Sud et le Nord-Soudan si un nettoyage ethnique est avéré dans l'ouest?» s'interroge-t-il.
Ce débat sur la qualification des violations commises au Darfour irrite les milieux humanitaires, pour lesquels il est urgent d'intervenir. Si, pour Daniel Augsburger, «il ne s'agit en aucun cas d'un génocide», les organisations de défense des droits de l'homme tirent, elles, le signal d'alarme. Dans un rapport rendu public ce vendredi – «Darfour en flammes, les atrocités dans l'ouest du Soudan» – Human Rights Watch appelle ainsi le secrétaire général de l'ONU à dépêcher une commission d'enquête sur place pour témoigner ensuite devant la Commission des droits de l'homme.