Un scandale politico-religieux secoue la Grèce
GRECE
Affaire de contrats douteux entre le gouvernement et un des monastères du Mont Athos.
L'affaire des contrats douteux passés entre le gouvernement conservateur de Costas Caramanlis et un des monastères du Mont Athos, Etat théocratique semi-autonome et interdit aux femmes, a déjà provoqué la démission du ministre de la Marine marchande, Georges Voulgarakis, âme damnée du premier ministre.
En 2004, le gouvernement avait vendu aux moines du Mont Athos deux bâtiments flambant neufs, hérités des Jeux olympiques, et des terrains situés en Thrace et à Ouranoupolis, près du Mont Athos, en échange de 8000hectares de terrains boisés dans le nord du pays. Le contribuable est perdant, d'une part parce que les bâtiments des JO ont été revendus très en deçà de leur valeur, d'autre part parce que les terrains échangés sont, selon le registre des impôts, d'une valeur très inégale en faveur des moines. Au total, le secteur public y perd 100 millions d'euros.
Officiellement, il s'agissait de «protéger des forêts qui sont hors de la juridiction du Mont Athos». Il s'agissait en fait de contourner une interdiction de construire sur des terrains protégés. Car si le gouvernement ne peut, au terme de la loi, vendre une propriété publique au secteur privé pour en faire un vaste complexe touristique, un monastère le peut.
«Hold-up sacré»
Giorgos Voulgarakis aurait donc, par l'entremise de son épouse qui est notaire, voulu contourner la loi pour le compte de promoteurs immobiliers. Personne n'est dupe, d'autant que les moines ont immédiatement revendu le bâtiment des JO au secteur privé avec une plus value de 20 millions d'euros.
Pour le procureur chargé de l'affaire il ne s'agit ni plus ni moins que d'un «hold-up sacré». L'opposition exige désormais la démission du porte-parole du gouvernement, Théodore Roussopoulos, ami personnel du premier ministre, car il aurait servi d'intermédiaire entre le chef du monastère incriminé, Père Ephraim, et le gouvernement. Petros Doucas, vice-ministre des Finances est également dans le collimateur car il a facilité l'acquisition par le monastère des terres situées en Thrace.
En attendant les résultats de l'enquête, le Ministère de l'économie a gelé l'opération ainsi que les avoirs du monastère qui se montent à plus de 100 millions d'euros! Cerise sur le gâteau, ces avoirs proviennent de transactions immobilières effectuées entre le monastère Vatopaidiou et des hommes d'affaires chypriotes, or Père Ephraim est Chypriote. La presse n'hésite pas à parler de blanchiment d'argent
Costas Caramanlis se serait bien passé de ce nouveau scandale. Arrivé au pouvoir en 2004, il avait promis de faire de la lutte contre la corruption sa priorité. Deux mandats plus tard, force est de constater que ce sont les proches de son entourage qui sont au cœur des affaires. Pour autant il rejette toute idée de législatives anticipées.
Reste que les moines pour la première fois de leur histoire ont demandé pardon au «pieux peuple grec pour le tapage causé autour de cet échange immobilier». Mais les affaires étant les affaires «pas question de spolier», soulignent-ils, dans leur communiqué envoyé au parlement, «les intérêts légaux du monastère».