Se sentant scruté par le CIO, qui doit dévoiler samedi le nom de la ville qui accueillera les Jeux olympiques de 2020, pour lesquels Tokyo est candidate, le gouvernement japonais a présenté, mardi matin, dans l’urgence, son plan de gestion des eaux contaminées de la centrale de Fukushima-Daiichi.

Annonçant pour la première fois, depuis la catastrophe de mars 2011, qu’il allait désormais s’impliquer directement dans le démantèlement des réacteurs dont la reprise en main a pour l’instant été gérée par des entreprises, l’exécutif a promis de débloquer une nouvelle enveloppe de 47 milliards de yens (359 millions d’euros) dans deux projets complexes censés mettre un terme aux fuites d’eau radioactive sur le site et à son écoulement dans l’océan Pacifique. «Le monde entier veut voir si nous pouvons réussir le démantèlement de Fukushima-Daiichi», a martelé le premier ministre Shinzo Abe avant d’annoncer la mise en place d’une commission ministérielle chargée d’encadrer le contrôle des eaux contaminées, qui se sont imposées comme l’un des défis majeurs du «nettoyage» de la centrale ravagée en mars 2011.

Agents réfrigérants

S’en tenant aux solutions avancées par les industriels du pays, qui ont jusqu’ici limité au maximum le recours aux propositions d’expertises faites par les sociétés étrangères, Tokyo et Tepco comptent, selon le nouveau plan, investir 32 milliards de yens (245 millions d’euros) dans la construction d’une gigantesque enveloppe de pergélisol autour des réacteurs. Ce chantier, proposé par le groupe de construction Kajima, va nécessiter le forage tous les mètres, sur un rectangle d’1,4 km entourant le site, de trous d’une profondeur de 30 mètres dans lesquels seront installés des tuyaux contenant de puissants agents réfrigérants. Une fois activés, ils absorberont la chaleur du sol et créeront une barrière glacée souterraine continue. Cette solution déjà testée dans le secteur nucléaire, notamment au laboratoire national américain d’Oak Ridge dans les années 1990, permettra de stopper les écoulements vers la mer des eaux contaminées qui inondent encore le sous-sol des réacteurs et d’empêcher également l’entrée des 400 tonnes d’eau souterraine qui envahissent quotidiennement l’intérieur des bâtiments.

La seconde partie de l’enveloppe débloquée par Tokyo doit permettre d’accélérer le traitement des eaux contaminées actuellement stockées dans un millier de cuves géantes sur le site. Près de 15 milliards de yens (115 millions d’euros) devraient ainsi être destinés au système «ALPS» construit sur place pour faire chuter au maximum la concentration en radionucléides des 338 000 tonnes d’eau pompées depuis 2011 à Fukushima-Daiichi. Traversant différents bains chimiques, l’eau est en partie débarrassée de 62 des 63 éléments radioactifs qui la polluent – seul le tritium, difficile à capter, n’est pas traité. Une fois «nettoyée», l’eau pourrait théoriquement être relâchée en mer où sa radioactivité sera progressivement diluée. Cette opération devrait, en théorie, être lancée à l’automne.