Au menu, la crise ukrainienne et la fin de la mission en Afghanistan
Mais l’Alliance doit aussi se réinventer
Les généraux de l’OTAN peuvent remercier Vladimir Poutine: l’Alliance se cherchait un rôle depuis la fin de la Guerre froide et le désengagement programmé de l’Afghanistan, une longue mission plombée par l’échec. Mais les ingérences russes en Ukraine lui ont donné des ailes de faucon. Le sommet de deux jours qui débute ce jeudi à Newport, dans le pays de Galles, devra se saisir de nombreux défis, au premier rang desquels surmonter ses divisions internes pour répondre de manière adéquate aux demandes sécuritaires des pays Baltes et de la Pologne. Sur fond de crise ukrainienne, certains des anciens pays de l’est craignent de possibles intrusions russes sur leur territoire.
A Newport, l’Ukraine et la Russie seront dans tous les esprits, même si officiellement seule une petite partie de l’agenda est effectivement consacrée à la crise. Mercredi, le président Barack Obama s’est rendu à Tallinn pour aborder avec son homologue estonien la menace que fait peser la Russie sur la stabilité de la région. «L’OTAN doit prendre des engagements concrets pour aider l’Ukraine à moderniser et à renforcer ses forces de sécurité», a déclaré le président américain.
Vendredi matin, en marge du sommet, dans le cadre d’une rencontre avec les responsables de l’UE, de l’OTAN et du Conseil de l’Europe, Didier Burkhalter, président en exercice de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), fera un discours axé sur le rôle de médiateur joué par l’OSCE en Ukraine.
Concrètement, les 28 Etats membres de l’Alliance ne se prononceront pas sur une possible adhésion de l’Ukraine, car la demande reçue avec bienveillance en 2008 a été par la suite gelée par le président ukrainien Viktor Ianoukovitch. Le nouveau président, Petro Porochenko, qui sera présent au sommet, a clairement émis le souhait de la renouveler, mais il ne pourra le faire avant l’élection d’un nouveau parlement, le 27 octobre prochain.
Quels changements l’Alliance doit-elle effectuer pour mieux répondre aux nouvelles menaces? Lors d’une conférence de presse, lundi à Bruxelles, Anders Fogh Rasmussen, le secrétaire général de l’OTAN, a détaillé le programme à venir de l’organisation militaire, et plus précisément les mesures que pourrait prendre l’Alliance pour contrer les menaces venues de Russie. La création d’une force d’intervention rapide comptant 4000 hommes sera la pièce maîtresse du nouveau dispositif. Cette force pourrait être déployée en moins de 48 heures pour défendre chacun des Etats membres, dans l’esprit de l’article 5, qui stipule en substance «un pour tous et tous pour un».
Les gouvernements français et italien ont émis quelques doutes: ils craignent que cette nouvelle force n’implique le déploiement de contingents permanents dans les Etats baltes en violation de l’engagement pris en 1997 avec Moscou de ne pas ouvrir de bases de l’OTAN dans ces Etats. La manière imaginée pour contourner cet interdit serait d’effectuer des rotations, rien ne serait alors permanent.
Ce sommet bisannuel devra aussi faire le bilan de la FIAS, la mission en Afghanistan, et examinera les candidatures nouvelles, celles de l’Australie, de la Bosnie-Herzégovine, du Monténégro et de la Macédoine. Un sommet crucial pour l’OTAN, sans doute le plus important depuis la fin de la Guerre froide.
Une force d’intervention rapide comptant 4000 hommes sera la pièce maîtresse du nouveau dispositif