Ce modèle de véhicule blindé, reconnu sans équivoque par des spécialistes sur les photographies, date des années 1990 et était fabriqué par l’entreprise Mowag, qui appartient aujourd’hui au groupe américain General Dynamics Land Systems. Reste à en éclaircir la provenance sur le terrain du conflit en Ukraine, qui n’aurait normalement pas été possible sans l’autorisation des autorités helvétiques.
Des véhicules de l’armée danoise revendus en Allemagne
La piste de cette livraison semble passer par le Danemark, «le seul pays, à part la Suisse, à qui Mowag a vendu ce modèle Eagle I», selon La Liberté, qui précise que 36 exemplaires ont été utilisés par l’armée danoise jusqu’à leur mise hors-service «vers 2008». Il semble pourtant peu probable que le véhicule provienne directement du pays scandinave: «Copenhague s’en tient strictement aux dispositions légales en matière de transfert de matériel de guerre», indique en effet la NZZ, ajoutant qu’une demande officielle – refusée par Berne – avait été faite pour la réexportation d’autres types de matériel militaire l’an dernier. Un porte-parole du ministère danois de la Défense affirme en outre au quotidien zurichois que son pays n’a pas transmis d’Eagle à l’Ukraine.
Le Danemark confirme toutefois avoir revendu 27 de ces véhicules blindés à une entreprise allemande en 2013, avec l’autorisation de la Confédération. Et l’acheteur aurait lui-même signé une déclaration de non-exportation, selon laquelle un éventuel transfert vers l’Ukraine aurait été soumis à l’approbation de Berne, soulignent les autorités danoises.
Comment ce véhicule est-il tout de même arrivé sur le front? Les soupçons se cristallisent désormais vers cet acheteur allemand, qui n’aurait pas respecté son obligation de consulter la Suisse. Contacté par les deux journaux, le Secrétariat d’Etat à l’économie, responsable du contrôle des exportations, a déclaré prendre «cette annonce très au sérieux», et qu'il allait «procéder le plus rapidement possible à toutes les clarifications nécessaires».