Une femme soupçonnée d’avoir proféré des injures racistes à l’encontre d’une caissière d’un magasin Carrefour d’Annemasse a été placée en garde à vue, a-t-on appris mardi soir auprès du procureur de Thonon. «La personne mise en cause, convoquée ce jour par les enquêteurs, s’est présentée au commissariat en fin d’après-midi. Elle a été placée en garde à vue», indique Bruno Badré à l’AFP.

La chaîne de supermarchés Carrefour avait annoncé samedi qu’elle portait plainte après qu’une caissière du groupe eut été la cible d’injures racistes proférées par une cliente, selon une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.

«Solidarité avec notre collègue injuriée. Ces propos racistes sont inacceptables. Nous les condamnons très fermement et portons plainte», avait tweeté l’enseigne. «Sale négresse va, sale Noire! Y a que les Noirs pour faire ça. Tu vois les Africains comme toi, ça donne envie de les tuer», pouvait-on entendre sur la vidéo publiée sur Twitter.

Samedi, un message audio attribué la cliente mise en cause a été diffusé sur ce même réseau social dans lequel elle explique avoir été elle-même insultée par la caissière, en se défendant d’être raciste.

«Je suis de conviction musulmane, je suis Africaine comme elle (la caissière, ndlr), mais le problème c’est qu’il faut qu’ils arrêtent de se cacher derrière leur pseudo-racisme, alors que ce sont eux qui attaquent les gens», affirme-t-elle. Le maire d’Annemasse, Christian Dupessey (PS) avait dit ce week-end sa «totale condamnation des propos racistes», tout en lançant «un appel au calme sur les réseaux sociaux».

Série d’agressions

L’émotion reste vive en France et notamment sur les réseaux sociaux puisque cette agression intervient quelques jours après celle d’un livreur noir à Cergy (région parisienne). L’homme écoutait de la musique en attendant sa commande lorsque «son agresseur lui a demandé de baisser le son», précisait Me Mehana Mouhou, son avocat.

Une femme, témoin de l’altercation, avait filmé depuis sa fenêtre l’agresseur présumé, qui l’avait alors prise à partie. Dans des vidéos publiées sur les réseaux sociaux, on entend l’homme proférer des insultes racistes. Il déclare notamment «espèce de négresse, espèce de sale noire […], pendant 800 ans on vous a vendus comme du bétail».

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Quelques jours encore avant cela, un jeune cuisinier, Benjamin Kingombe, s'était vu refuser la location d’une chambre de luxe dans le XVIe arrondissement de Paris, en raison de sa couleur de peau. Dans un échange téléphonique enregistré, on entend le propriétaire des lieux proférer des insultes racistes à l'encontre du jeune homme. «Vous êtes vraiment exceptionnels les noirs quand même. Vous êtes tellement ridicules que vous vous demandez après pourquoi tout le monde vous prend pour des cons. Non seulement vous vous êtes pris quatre cents ans d’esclavage dans le cul mais ça ne vous a pas servi de leçon». La victime a déposé plainte, une enquête a été ouverte pour injures publiques à caractère raciste, discrimination et menaces de mort aggravées.