Selon un sondage publié jeudi par l'Institut Mina Tsemah, 89% des Israéliens continuent de considérer la guerre du Liban comme «justifiée». Un même pourcentage affirme faire confiance à Tsahal (l'armée) pour en finir avec le Hezbollah et 92% estiment qu'Israël se bat pour son droit à l'existence.
Ce sondage confirme les précédents. Il montre combien le consensus est large au sein de la société israélienne et combien le Hezbollah est perçu comme un ennemi plus coriace que le Hamas et les autres organisations palestiniennes.
Dégât d'image
Au début du conflit, la plupart des Israéliens avaient foi dans les déclarations de leurs généraux selon lesquelles le Hezbollah serait «écrasé en une semaine, dix jours au maximum». Mais ils ont rapidement déchanté. Le leader de l'organisation chiite Hassan Nasrallah n'a pas été «liquidé» comme annoncé et ses miliciens continuent à se battre. Quant aux roquettes Katioucha, elles continuent de s'abattre quotidiennement sur les villes de Galilée alors que Tsahal pronostiquait leur disparition dès les premiers jours du conflit.
«Il est certain que l'état-major israélien n'a pas atteint les objectifs qu'il prétendait pouvoir atteindre et que son image en a pris un coup. Mais Israël est malgré tout gagnant sur au moins un tableau puisque son offensive transforme la réalité politique de la région», estime le chroniqueur Razi Barkaï: «Désormais et quoi qu'il en dise, Nasrallah ne pourra plus multiplier aussi facilement que par le passé ses provocations contre Israël. Sera-t-il emporté par ce conflit? C'est peu probable sauf s'il est liquidé. En revanche, il en sortira affaibli puisque son bastion du sud de Beyrouth a été réduit en poussière et qu'une partie de l'infrastructure militaire de son organisation n'existe plus.»
«Israël veut frapper fort le plus longtemps possible pour être certain que l'organisation chiite peinera à reprendre du poil de la bête», poursuit Barkaï. «Pour que les combats s'arrêtent, il faut qu'Ehoud Olmert ait l'impression de sortir vainqueur du conflit. Donc, que la plus grande partie du potentiel militaire de l'organisation chiite ait été détruite et que ses rampes de roquettes aient été repoussées derrière le Litani» (ndlr: une rivière située à 30 kilomètres de la frontière de l'Etat hébreu).
Autre élément important susceptible de donner aux dirigeants israéliens l'impression d'avoir obtenu ce qu'ils voulaient: la force multinationale d'interposition que les Européens et leurs alliés tentent actuellement de constituer.
Sans force internationale, Olmert perdrait sa majorité
«Si cette force est nombreuse, bien armée et opérationnelle, les responsables de l'Etat hébreu estimeront qu'ils ont gagné la partie. Ils n'auront pas détruit le Hezbollah mais ils auront réussi à empêcher que les miliciens de cette organisation ne reviennent camper à quelques mètres des villages frontaliers israéliens», affirme le politologue Hanan Krystal. Qui poursuit: «Cette question est cruciale pour Olmert. Il veut pouvoir sortir de cette guerre en disant à son opinion publique: «Voyez ce que j'ai réussi, grâce à moi le Hezbollah n'est plus dans votre champ de vision. Vous pouvez respirer plus librement.» Y parviendra-t-il? C'est probable, mais les surprises ne sont pas à exclure car les négociations en vue de la constitution d'une force internationale s'éternisent. En revanche, s'il n'y parvient pas, il sait qu'il perdra rapidement sa majorité à la Knesset et la confiance de la population. Il en sera donc réduit à présenter sa démission.